S’il vous est déjà arrivé de passer prendre un médicament sur ordonnance ou de chercher une couleur de peinture pour une retouche dans une quincaillerie, vous avez fait l’expérience de la science de la spectroscopie.

L’utilisation de la lumière comme outil de mesure pour identifier, analyser et filtrer les produits avant qu’ils ne se rendent aux consommateurs a déjà une incidence sur de nombreux aspects de notre vie, mais une entreprise de Waterloo est la première à l’appliquer à la réduction des déchets dans notre chaîne d’approvisionnement alimentaire.

En combinant l’imagerie hyperspectrale et l’intelligence artificielle (IA), P&P Optica aide les transformateurs alimentaires à évaluer la composition, la qualité et la contamination des aliments en temps réel. Son système breveté d’imagerie intelligent peut détecter les matières étrangères telles que le plastique, le caoutchouc, les os et le carton, qui sont difficiles à trouver avec d’autres solutions de détection.

une main gantée touche l'écran

Le système fonctionne à une vitesse de plus de 36 mètres par minute et traite jusqu’à 20 téraoctets de données en une seule journée. Il permet la prise de décisions simples en une fraction de seconde, en déclenchant un mécanisme qui trie les morceaux instantanément.

En plus d’améliorer considérablement la salubrité alimentaire, le système fournit des renseignements utiles sur des qualités telles que la fraîcheur, la tendreté et la teneur en protéines, en eau et en matières grasses. Les transformateurs peuvent ainsi instantanément déterminer si un morceau de poulet coriace conviendrait mieux à une pépite de poulet qu’à une garniture de sandwich, ou si une feuille d’épinard qui n’est pas si charnue pourrait être mélangée à un frappé au lieu d’être ajoutée à une salade.

Jusqu’à présent, en permettant aux transformateurs alimentaires de faire plus qu’une simple inspection visuelle, le système a évité à des millions de tonnes de nourriture d’aboutir dans les sites d’enfouissement et a permis à l’industrie en pleine pénurie de main-d’œuvre de combler plusieurs lacunes. Des dix principaux producteurs de viande en Amérique du Nord, la moitié est déjà servie par P&P, qui a l’intention d’étendre sa présence mondiale au secteur des fruits et légumes frais.


Comme elle est la seule entreprise du continent à pouvoir en faire autant, P&P Optica a été nommée « étoile à surveiller » dans les technologies propres par EDC en 2018. Toutefois, elle n’a pas toujours œuvré dans le domaine de l’automatisation de la transformation alimentaire.

Olga Pawluczyk, chef de la direction, est une ingénieure qui a de l’expérience en physique et en imagerie médicale. Son père a fondé en 1995 ce qui était alors une entreprise de recherche et de consultation. C’est seulement en 2012 que P&P a commencé à explorer les applications industrielles de la spectrométrie, qui allaient du recyclage du plastique à la recherche de bitume (une substance épaisse et visqueuse) dans les sables bitumineux, en passant même par l’exploration spatiale internationale.

En 2015, après l’effondrement de l’industrie pétrolière et gazière, la chef de la direction a commencé à s’intéresser à la transformation alimentaire à la suite d’une conversation fortuite avec un producteur de porc. 

« Nous pouvions détecter de l’eau dans le bitume, alors nous nous sommes demandé : “Pourquoi ne pas essayer avec les teneurs en protéines et en matières grasses dans la viande?”, explique Olga Pawluczyk. C’est ainsi qu’un changement fondamental s’est opéré dans notre processus de réflexion, lorsque nous avons compris que le même spectromètre qui mesurait de petites différences de lumière pouvait aussi mesurer de grandes différences rapidement. »

« Toutes les feuilles d’épinard sont différentes. C’est pourquoi la prise de mesure dans l’industrie alimentaire est plus complexe que dans toute autre industrie, sauf la recherche médicale. »

Aujourd’hui, l’entreprise, qui compte une cinquantaine d’employés, et est en pleine expansion. Cet essor, la chef de la direction l’attribue en partie à l’appui d’Exportation et développement Canada, qui comprend un investissement d’un million de dollars l’ayant aidée à concevoir et à lancer son système en Amérique du Nord.

« EDC a été l’un de nos premiers investisseurs institutionnels, et sans son soutien financier, nous ne serions pas une entreprise aujourd’hui, soutient-elle. Lorsqu’une entreprise a une bonne idée et des prototypes, il est crucial de pouvoir passer à l’étape suivante et créer un produit commercial. »

« EDC a aussi fourni davantage de sécurité ainsi qu’un financement des bons de commande pour permettre à certains de nos clients des États-Unis de faire installer et tester des systèmes. La confiance est essentielle dans l’établissement de relations, et la mise en relation directe avec les réseaux et les contacts d’EDC a été très importante dans notre réussite. »

photo d'Olga Pawluczyk souriante

À l’avenir, Olga Pawluczyk aimerait que chaque morceau d’aliment transformé soit mesuré avec le système d’imagerie intelligent pour que l’industrie puisse fournir de l’information nutritionnelle adaptée aux besoins particuliers des consommateurs. « Nous sommes des consommateurs de plus en plus avertis; nous espérons donc que les gens commenceront à exiger cette façon de faire », déclare-t-elle.

« Nous perdons 30 % de toute la nourriture que nous produisons sur la planète dans les sites d’enfouissement en raison de l’inefficacité du système actuel. Quand on pense à toutes les répercussions du gaspillage d’eau, de terre et de main-d’œuvre, qui génère beaucoup de pollution et de gaz à effet de serre, on se rend compte qu’il serait possible de les contrôler de manière beaucoup plus stricte et, ultimement, de contribuer à les réduire. »

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