Partout dans le monde, des analystes mettent au point de nouvelles façons de surveiller les retombées économiques de la COVID-19 afin de mieux comprendre ses considérables répercussions, de cerner les signes d’une reprise et de déterminer comment les entreprises s’adaptent aux nouvelles réalités, contraintes et occasions.

 « Le dernier sondage sur la COVID-19 d’EDC vient confirmer ce que révèlent d’autres indicateurs pour le mois de mai, soit que l’économie canadienne semble fort heureusement remonter la pente − le pays commençant doucement à se sortir du terrible creux causé par la pandémie mondiale et esquissant ses premiers pas vers la reprise », explique Stephen Tapp, économiste en chef adjoint à Exportation et développement Canada.

Bon nombre d’entreprises adaptent leurs activités pour lutter contre la pandémie et trouvent de nouveaux débouchés, tant au Canada qu’à l’étranger. Des entreprises investissent en outre dans l’augmentation de leurs capacités de vente en ligne et, dans les entreprises qui ont fait ce choix, la baisse des ventes a été moins marquée. Les magasins ouvrent de nouveau leurs portes et les activités commerciales en général reprennent doucement.

Toutefois, d’importants obstacles se dressent encore pour un large éventail d’entreprises canadiennes, qui estiment de plus en plus qu’il faudra du temps pour se remettre du choc causé par la COVID-19 – peut-être un an, voire plus, surtout dans les secteurs les plus touchés, comme le pétrole et le gaz naturel, l’aéronautique, le commerce de détail, le tourisme et les services personnels.

Un sondage en ligne du Panel de recherche d’EDC mené en avril cherchait à recueillir des observations à jour au sujet des effets de la COVID-19 sur les exportateurs canadiens. Dans le sondage de suivi réalisé en mai, nous avons ajouté de nouvelles questions afin de mieux comprendre comment les répondants traversent cette période difficile.

En voici les dix principaux constats :

1. On dirait qu’on a touché le fond.

Les réponses au sondage indiquent que l’économie canadienne a probablement touché le fond en avril et a commencé à se sortir du terrible creux causé par la COVID-19 en mai.

Les données officielles de Statistique Canada, publiées après la réalisation du sondage, confirment que les exportations canadiennes et l’emploi au pays ont connu une croissance modeste en mai, après des reculs importants en mars et en avril.

Dans l’ensemble, les répondants étaient encore aux prises avec les conséquences de la COVID-19 en mai, mais heureusement, les retombées négatives commençaient à s’estomper, laissant la place aux effets positifs, tant pour les ventes sur le marché intérieur que pour les ventes à l’exportation.

Ventes sur le marché intérieur

64 % des entreprises ont ressenti des effets négatifs sur leurs ventes sur le marché intérieur


Ventes à l’exportation

68 % des entreprises ont ressenti des effets négatifs sur leurs ventes à l’exportation


2. Reprise en douceur des activités.

En mai, les gouvernements provinciaux ont commencé à assouplir les mesures d’endiguement de la COVID-19, et les entreprises canadiennes ont commencé à reprendre le travail. Parmi les 54 % de répondants qui avaient dû fermer leurs lieux d’affaires :

40 % des entreprises ont pu rouvrir complètement, alors 43 % n’ont pu rouvrir que partiellement

3. Les entreprises investissent dans la vente en ligne.

De nombreux lieux d’affaires étant fermés, les commerces se sont tournés vers la vente en ligne et ont donc augmenté leurs capacités de vente en ligne en mai.

Près du tiers des répondants ont dit avoir accru leur présence en ligne en raison de la COVID-19, et 16 % ont affirmé avoir développé leurs capacités en ligne à partir de zéro.

Les entreprises ont augmenté leurs capacités de vente en ligne, la plupart étant en mesure d’effectuer des ventes en ligne


4. L’amélioration des capacités de vente en ligne a tempéré la chute des ventes.

Nous avons divisé les répondants en deux groupes d’entreprises selon leurs capacités de vente en ligne :

a) ceux pouvant effectuer jusqu’à la moitié de leurs ventes en ligne;

b) ceux pouvant effectuer plus de la moitié de leurs ventes en ligne.

Nous avons constaté que le deuxième groupe, soit les entreprises ayant de meilleures capacités de vente en ligne, affichait une baisse des ventes beaucoup plus faible.

La baisse des ventes qu’a entraînée la COVID-19 sur le marché intérieur comme sur les marchés mondiaux a été plus faible pour les entreprises en mesure d’effectuer plus de la moitié de leurs ventes en ligne


5. Les entreprises canadiennes trouvent de nouveaux débouchés, tant sur le marché intérieur que sur les marchés étrangers.

Un tiers des répondants affirment que la COVID-19 a apporté à leur entreprise des débouchés sur le marché intérieur, et 22 % des débouchés à l’exportation.

33 % des entreprises indiquent que la COVID-19 a entraîné de nouveaux débouchés sur le marché intérieur, et 22 % indiquent qu’elle a entraîné de nouveaux débouchés à l’exportation


6. Un plus grand nombre d’entreprises adaptent leurs activités pour lutter contre la pandémie.

La proportion de répondants qui adaptent leur production est passée de 16 % à 20 %.

Les entreprises adaptent de plus en plus leurs activités pour lutter contre la pandémie


7. Les entreprises repensent leurs chaînes d’approvisionnement.

Près du quart des répondants évaluent sérieusement de nouveaux fournisseurs étrangers pour leurs intrants, tandis que 21 % évaluent de nouveaux fournisseurs canadiens.

Près du quart des répondants évaluent d’autres fournisseurs étrangers pour leurs intrants


8. La vaste majorité (96 %) des répondants ont demandé de l’aide gouvernementale.

Les programmes les plus fréquemment utilisés sont : la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC, 33 % des répondants); le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC, 18 %); et la Prestation canadienne d’urgence (PCU, 14 %).

La grande majorité (96 %) des répondants ont demandé de l’aide gouvernementale


9. C’est encore une période difficile.

Le principal défi pour les entreprises canadiennes est la reprise des activités, et le principal obstacle à l’international est désormais les restrictions sur les déplacements, et non plus l’annulation des contrats.

La principale inquiétude des entreprises est liée à la reprise



Les restrictions sur les déplacements représentent le plus grand obstacle à la croissance des entreprises hors du Canada


10. On s’attend maintenant à ce que les retombées de la COVID-19 durent plus longtemps.

En avril, la majorité (33 %) des répondants s’attendaient à ce que les retombées durent de quatre à six mois. À peine un mois plus tard, dans le sondage de mai, la majorité (38 %) s’attend plutôt à ce qu’elles durent plus d’un an. Et la différence est un peu plus marquée pour les ventes à l’exportation.

On s’attend à ce que la COVID-19 influe sur les ventes au pays pendant plus de 12  mois


 

On s’attend à ce que la COVID-19 influe sur les ventes à l’exportation pendant plus de 12  mois


Il est clair que l’économie est encore en train de s’adapter à une perturbation majeure, que les entreprises canadiennes s’attendent maintenant à devoir gérer une autre année, voire plus. Certains signes semblent toutefois indiquer que les choses commencent à s’améliorer. Un troisième sondage du Panel de recherche d’EDC sera réalisé dans quelques mois et espérons avoir de nouvelles observations à présenter au sujet des progrès de la reprise économique.

Précisions sur le sondage

Ce sondage en ligne du Panel de recherche d’EDC a fourni un échantillon de répondants volontaires, tous des décideurs qui connaissent bien les activités de leurs entreprises respectives, lesquelles reflètent la composition générale du bassin d’entreprises canadiennes sur les plans de la taille, de la région et des secteurs. Toutefois, étant donné la taille de l’échantillon, la marge d’erreur du sondage est plus grande qu’à l’habitude : +/- 9,1 %, assortie d’un intervalle de confiance de 95 %.

Le premier sondage a été mené du 9 au 17 avril 2020. Taille de l’échantillon : 114.

Le deuxième sondage a été mené du 20 mai au 2 juin 2020. Taille de l’échantillon : 112.

À ce moment-là, diverses mesures étaient en place au Canada et dans le monde pour freiner la COVID 19, notamment : restrictions sur des activités commerciales non essentielles, avis de confinement, fermetures d’écoles et restriction sur les déplacements. En outre, dans certaines provinces canadiennes et certains pays, le relâchement de ces mesures avait commencé et certaines entreprises étaient autorisées à rouvrir, sous réserve de certaines restrictions et en mode progressif. Certaines mesures d’aide gouvernementales ont été élargies et prolongées.

Auteurs

Andrea DiCapua portrait, EDC

Andrew DiCapua
Analyste associé, Services économiques
Exportation et développement Canada

Jennifer Topping portrait, EDC

Jennifer Topping
Principale en expérience-client et recherche
Exportation et développement Canada

Stephen Tapp portrait, EDC

Stephen Tapp
Économiste en chef adjoint
Exportation et développement Canada