Entreprise québécoise, FilmOrganic est une étoile à surveiller dans les technologies propres en 2020 selon Exportation et développement Canada.

Qu’obtient-on en combinant agriculture et plastique biodégradable et compostable? Des récoltes exceptionnelles avec peu de mauvaises herbes, moins de nettoyage après la récolte et une empreinte écologique allégée.

Depuis 2014, notre entreprise FilmOrganic fabrique des films paillis pour la culture des fruits, des légumes et du chanvre qui, après la récolte, n’ont pas besoin d’être enlevés : il suffit de les enfouir dans le sol. 

Nous avons tous deux une longue carrière dans l’industrie du plastique, notamment dans la fabrication de films paillis de polyéthylène, un produit qui n’est pas écologique. Et contrairement à nos films, le polyéthylène doit être retiré du champ après la récolte. Trop sale pour être recyclé, il est envoyé la plupart du temps au site d’enfouissement. À certains endroits, il arrive même que les agriculteurs le brûlent sur place.

Combattre les mauvaises herbes

Le film paillis a comme but de bloquer les mauvaises herbes. Il crée un microenvironnement où les mauvaises herbes, qui concurrencent les cultures pour les nutriments et l’eau, sont absentes. Le film paillis biodégradable, qui existe depuis plus de 20 ans, peut être enfoui dans le sol. Certes, des géants mondiaux du plastique ont mené des expériences avec ce produit, mais ont obtenu des résultats mitigés. Le principal problème? Créer une pellicule qui reste intacte durant la période de croissance d’une culture pour ensuite se décomposer assez rapidement afin de ne pas nuire à la plantation suivante. 

FilmOrganic est la seule entreprise proposant un film paillis biodégradable et certifié compostable dont la durée de vie est prévisible. En variant les mélanges de plastiques et les procédés de fabrication, nous avons créé des pellicules dont la durée de vie peut aller de deux à trois mois (pour la laitue et d’autres légumes) jusqu’à huit à douze mois (pour les fraises). Nos principaux concurrents, contrairement à nous, n’offrent qu’une seule composition de matériaux dans leurs films biodégradables. Seule l’épaisseur varie, ce qui en soi est insuffisant pour prédire la durée de la pellicule.

L’avis des agriculteurs

Nous ne nous sommes pas contentés de lancer un produit biodégradable : nous avons d’abord passé beaucoup de temps dans les champs afin de mieux comprendre les besoins des cultivateurs. Il s’agissait de comprendre l’influence de ces différents paramètres :

  • Types de sols ;
  • Cultures ;
  • Pratiques agricoles ;
  • Climats.

Mais il ne suffisait pas de faire des essais sur une seule exploitation. En effet, le même film, appliqué sur deux fermes voisines ayant des sols et des cultures identiques, peut bien se comporter sur l’une, mais se désagréger trop rapidement sur l’autre. Nous devions être constamment présents pour trouver des explications et ainsi modifier en conséquence nos mélanges et procédés de fabrication.

Stratégie d’exportation

Après trois ans d’étroite collaboration avec les producteurs, à nous familiariser avec leurs besoins, nous avons entrepris d’exporter aux États-Unis (É.U.) ce produit qui augmente le taux de rendement et les revenus tout en réduisant la pollution plastique.

Nous avons déployé notre stratégie d’exportation lentement, mettant à profit les connaissances en agriculture que nous avions acquises au Québec et en Ontario auprès d’environ 30 producteurs du New Jersey, (É.U.). Nous assurions un service irréprochable. Au moindre problème, nous étions sur les lieux en 24 heures, prêts à offrir un meilleur service comme si nous étions un fournisseur locale. Nous nous sommes parfois trompés sur la convenance du produit à certains usages, mais nos solides relations avec les producteurs ont joué en notre faveur. Ils ont été patients avec nous; ils avaient tout intérêt à ce que nous réussissions, et les risques pour eux étaient minimes.

À mesure que nous avons étendu nos activités vers le sud, aux É.U.-, nous avons exploré plus en profondeur l’effet des différents climats et types de sols sur le rendement du produit, et nous avons continué de nous adapter.

Au départ, nous nous occupions directement des ventes au pays, mais nous souhaitions trouver des distributeurs. Nous n’avons pas eu à faire de sollicitation : les producteurs avec qui nous faisions affaire ont spécifiquement demandé à leurs distributeurs qu’ils voulaient acheter nos produits. Ce réseau de distribution nous a menés vers de nouveaux marchés, dont celui du chanvre. Nous avons reçu de cultivateurs de chanvre industriels du Colorado ce qui était alors notre plus grosse commande. Ensuite, nous avons continué à creuser cette veine et vendu aux cultivateurs de chanvre de partout aux É.-U., dont ceux de l’Oregon et du Kentucky.

Notre expérience avec le chanvre nous a permis d’affiner notre stratégie d’exportation en fonction du type de culture plutôt que de la région. Forts de nos apprentissages sur la pertinence des produits, nous avons axé nos efforts sur quatre cultures : le chanvre, les légumes mixtes, les fraises et les melons d’eau. Nous avons compris que nous n’exportions pas juste un produit, mais aussi nos connaissances. Nous pouvons aider les producteurs à déterminer et à pallier les faiblesses de leur protection contre les mauvaises herbes.

Un coût plus élevé pour un taux de rendement plus élevé

Les produits de FilmOrganic sont près de deux fois plus dispendieux que les films plastiques en polyéthylène standard, mais ils ne servent pas seulement à réduire la pollution. En effet, pour une exploitation agricole de 100 acres, le retrait des films biodégradables non compostables des champs en fin de saison peut prendre d’une à deux semaines, temps qui serait mieux consacré à la période de végétation.

Notamment, l’un de nos meilleurs clients du New Jersey avait installé les produits de FilmOrganic dans environ 50 % de ses champs. Nous avions aussi offert nos produits à un agriculteur voisin, qui n’était pas intéressé. En octobre, nous avons de nouveau pris contact avec ce voisin, qui a alors décidé d’utiliser les produits dans toute son exploitation. Pourquoi? À la fin de la saison, il avait vu notre client cueillir des piments avec son équipe au lieu de ramasser et de jeter du plastique comme lui devait le faire. Notre client travaillait à augmenter ses revenus, et lui gaspillait temps et argent à récolter des déchets plastiques.

L’aide d’EDC

C’est lors d’un événement de réseautage organisé par Écotech Québec que nous avons été mis en relation avec Exportation et développement Canada (EDC), qui nous a aidés d’abord avec son assurance comptes clients, puis avec son assurance pour les comptes fournisseurs. EDC nous a aussi permis, en fournissant des garanties pour notre marge de crédit, d’obtenir plus de fonds de roulement auprès de la banque.

En offrant des garanties aux fournisseurs, EDC a aidé FilmOrganic à établir sa crédibilité sur le marché. De plus, nous pouvons maintenant servir des clients qui nous étaient auparavant inaccessibles en raison de la taille de leurs commandes. Nous sommes en mesure d’accorder du crédit à nos clients, ce qui nous a aidés à diversifier notre marché. Nous avons pu atteindre l’envergure que nous avons aujourd’hui, grâce à EDC.