Dans le meilleur des cas, le commerce international peut être une activité risquée, même sur les marchés les plus développés. L’incertitude entourant le Brexit et l’isolationnisme économique croissant aux États-Unis en sont deux exemples d’actualité. Cependant, les exportateurs canadiens doivent être extrêmement vigilants lorsqu’ils s’aventurent sur des marchés émergents où le risque politique peut être difficile à discerner et à gérer.

Au cours des dernières années, le défi a pris de l’ampleur à mesure qu’un nombre croissant d’entreprises canadiennes cherchent à diversifier leurs activités sur les marchés émergents à croissance plus rapide.

Bien que le risque politique soit inévitable sur les marchés étrangers, souvent, le jeu en vaut la chandelle. Ces marchés émergents sont en passe de devenir de grands centres de consommation offrant des débouchés intéressants aux entreprises canadiennes.

Types courants de risques politiques

Pour mieux comprendre l’incidence que certains risques politiques peuvent avoir sur votre entreprise, examinons trois types courants de risques, accompagnés d’exemples concrets.

1. Expropriation et ingérence de l’État

Ce risque évalue la probabilité d’une intervention étatique ou d’une faible gouvernance ayant un impact marqué sur l’environnement commercial d’un pays.

Exemple concret : À la suite d’une tentative de coup d’État en 2016, l’État turc a ciblé les entreprises nationales associées au mouvement Gülen, qu’il prétend être à l’origine de ladite tentative. Les mesures adoptées comprenaient l’imposition arbitraire d’exigences réglementaires allant jusqu’à l’expropriation pure et simple. Elles ont eu des répercussions sur les entreprises canadiennes, lesquelles ont dû, en contrepartie, redoubler de prudence dans leurs activités commerciales avec des entreprises turques en cherchant à connaître leurs liens avec le gouvernement.

2. Non-transfert et non-conversion

Évalue la probabilité qu’un gouvernement puisse imposer des restrictions de conversion ou de transfert qui nuiraient considérablement à l’environnement commercial.

Exemple concret : Assiégé par une crise économique et politique, le Liban cherche à instaurer formellement des restrictions aux mouvements de capitaux afin de sauvegarder les réserves en devises qui lui restent au pays. Une telle mesure entraverait considérablement les entreprises canadiennes établies au Liban voulant transférer des devises hors du pays.

3. Violence politique

La violence politique se définit comme tout acte violent ou hostile ayant pour but de remplacer ou de renverser le gouvernement d’un pays ou de modifier ses politiques.

Exemple concret : Le conflit en Ukraine est un exemple récent de violence politique. L’invasion par la Russie au début de 2022 a sensiblement accru ce risque pour les entreprises canadiennes exerçant leurs activités en Ukraine. Le violence politique peut aussi prendre la forme de troubles sociaux, tels que ceux survenus récemment au Pakistan. 

Préparation et protection contre les risques politiques

Les répercussions de l’un ou l’autre de ces événements sur les activités d’un exportateur canadien sont rarement isolées ou de courte durée. Elles créent une onde de choc sur l’ensemble de l’entreprise, ce qui augmente d’autres types de risques et peut atteindre le Canada.

Comment les exportateurs canadiens peuvent-ils se préparer à ce qui pourrait être des risques politiques soudains et imprévus?

  • Les contrôles préalables, la recherche continue et l’analyse des risques politiques sont peut-être les éléments fondamentaux les plus importants de toute stratégie commerciale sur les marchés émergents. N’hésitez pas à communiquer avec EDC et le Service des délégués commerciaux du Canada qui ont des experts sur le terrain sur la plupart des marchés émergents.
  • Envisagez de diversifier vos investissements à l’étranger afin que tous les risques auxquels vous vous exposez ne soient pas concentrés sur un ou deux seuls marchés émergents. Adoptez une stratégie claire et à jour d’atténuation des risques politiques fondée sur les « scénarios » de votre marché. Prévoyez comment réagir à un éventail de risques.
  • Si possible, faites participer les principales parties intéressées externes à l’atténuation des risques politiques. Informez les clients, les fournisseurs et les agents de vos plans d’urgence pour faire face aux risques politiques imprévus et, s’il y a lieu, coordonnez votre intervention face au risque.

  • Le rétablissement après un événement politique défavorable sera probablement plus rapide et plus facile si vous vous y préparez et coordonnez l’intervention avec vos principales parties intéressées.

Il peut être ardu de commercer sur des marchés émergents. Voilà pourquoi il est essentiel d’avoir un plan détaillé ainsi qu’une stratégie d’atténuation des risques d’entrée de jeu.