Le Canada, l’Union européenne et l’AECG
En septembre 2017, l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne est entré provisoirement en vigueur. Cet accord, qui couvre non seulement le commerce des biens et services, mais aussi les flux d’investissement et la circulation des personnes, annonce une nouvelle ère pour les entreprises canadiennes qui veulent se diversifier en ciblant l’Europe.
L’Union européenne (UE) est une association de 28 pays1 affichant une population totale estimée à un demi-milliard d’habitants, ce qui en fait l’un des marchés les plus imposants au monde. De plus, avec un PIB avoisinant les 17 billions de dollars américains en 2017, l’UE forme la deuxième économie mondiale derrière les États-Unis.
Le Canada entretenait déjà une excellente relation économique avec l’UE depuis de nombreuses années, et l’AECG vient bonifier cette relation à long terme. Avant même que l’accord n’entre en vigueur, chaque année, le Canada exportait environ 40 milliards de dollars2 en biens et 18 milliards de dollars en services vers l’UE, tandis que les nations de l’UE nous fournissaient environ 61 millions de dollars en biens et 24 millions de dollars en services. L’AECG est le plus gros accord de libre-échange du Canada depuis l’ALENA et ouvre la voie à d’énormes débouchés pour le Canada et les États membres de l’UE.
Le Trade Helpdesk de l’Union européenne
Le Trade Helpdesk de l’Union européenne est une source d’information centralisée pour les entreprises qui désirent exporter vers l’UE. Il détaille la réglementation sur l’importation, les taxes, les règles d’origine, la classification des produits, les statistiques de l’importation et bien plus encore.
Si votre entreprise est déjà établie dans l’UE, l’AECG peut vous aider à y prendre de l’expansion. Si vous comptez y accéder pour diversifier vos activités, l’AECG peut faciliter considérablement votre entrée sur le marché européen.
Voici les principales caractéristiques de l’accord :
1.2.1 -Dispositions tarifaires
À son entrée en vigueur en 2017, l’AECG a éliminé d’emblée 98,4 % des tarifs douaniers sur tous les biens non agricoles canadiens exportés vers l’UE. D’ici sept ans, 98,8 % de ces biens seront exonérés. De son côté, le Canada supprimera 98 % de ses tarifs douaniers sur les biens européens correspondants.
1.2.2 – Périodes de transition
Les périodes de transition vont de trois à sept ans pour les navires, les automobiles et certains produits agricoles. La volaille et les œufs sont exclus de l’accord. Les contingents d’importation canadiens sur les produits laitiers européens seront plus élevés, mais les tarifs douaniers sur les importations au-delà de ces contingents demeureront en vigueur. Pour obtenir la liste des produits concernés ainsi que des précisions sur les réductions de tarifs et les contingents, consultez le résumé des chapitres de l’AECG sur le site Web d’Affaires mondiales Canada.
1.2.3 – Règles d’origine
L’AECG présente aux exportateurs canadiens des règles d’origine claires qui tiennent compte des chaînes d’approvisionnement du Canada. Les entreprises pourront donc facilement identifier les produits « faits au Canada » qui profitent d’un traitement tarifaire préférentiel à leur entrée dans l’UE.
1.2.4 -Coopération en matière de réglementation et de conformité
Les dispositions de l’AECG aplaniront les différences réglementaires entre le Canada et l’UE, ce qui réduira ultimement les obstacles au commerce non tarifaires pour les deux parties. Quant aux normes, le protocole d’évaluation de la conformité de l’AECG permet aux entreprises canadiennes de nombreux secteurs de mettre à l’essai et de certifier au Canada les produits destinés au marché européen, réduisant ainsi les coûts liés à l’évaluation de la conformité, un avantage particulièrement intéressant pour les petites et moyennes entreprises (PME).
1.2.5 -Services et mobilité de la main-d’œuvre
Dans le secteur des services, tous les fournisseurs, qu’ils servent des clients au sein de l’UE ou au Canada, seront traités de la même façon. Il n’y aura aucun contingent d’importation sur les services et les fournisseurs de services canadiens dans l’UE, et vice-versa. De plus, les entreprises de services n’auront plus besoin d’un bureau de représentation ou du statut de résident de l’UE pour offrir leurs services à des clients européens.
En outre, en vertu des dispositions de l’AECG sur les séjours temporaires, il sera plus facile pour les professionnels et les gens d’affaires comme les ingénieurs et les cadres supérieurs de travailler sur place. Les gens d’affaires en visite sans permis de travail auront un droit de visite temporaire aux fins d’investissement.
1.2.6 – Marchés publics
Grâce à l’AECG, les entreprises canadiennes pourront soumissionner les contrats gouvernementaux de l’UE, un marché de plusieurs billions de dollars, et ce, à tous les échelons de gouvernement de l’UE, c’est-à-dire les gouvernements nationaux et régionaux et les administrations locales, ainsi qu’auprès d’un large éventail d’entités dans le secteur des services d’utilité publique.
Les Européens auront le droit de faire de même pour les contrats gouvernementaux canadiens. Toutefois, l’AECG instaure certaines restrictions importantes à ce sujet. Ces restrictions visent, entre autres, les industries culturelles canadiennes, les affaires autochtones, la défense, la recherche et le développement, ainsi que les services dans les secteurs de la finance, des loisirs, du sport, de l’éducation et de la santé et des services sociaux.
1.2.7 – Accès aux intrants et à l’expertise
Les compagnies canadiennes auront également accès aux matériaux, aux technologies et aux intrants intermédiaires européens ainsi qu’à une main-d’œuvre qualifiée. Nos exportateurs pourront donc profiter de ces ressources pour améliorer la compétitivité de leur chaîne d’approvisionnement.
1.2.8 – Protection des investissements
Du côté des investissements, les investisseurs canadiens et européens seront traités sur un pied d’égalité, ce qui devrait inciter les entreprises canadiennes à investir pour s’intégrer aux chaînes d’approvisionnement de l’UE.
Les potentielles répercussions du Brexit sur les entreprises canadiennes
À l’été 2018, les négociateurs britanniques et de l’Union européenne préparaient encore les modalités de la sortie du Royaume-Uni de l’UE (le fameux « Brexit »). La séparation officielle est prévue pour mars 2019, mais certains aspects de la relation actuelle entre le Royaume-Uni et l’UE pourraient être maintenus pendant un certain temps.
Aussi longtemps que le Royaume-Uni est membre à part entière de l’UE, les dispositions de l’AECG s’appliqueront au commerce et aux investissements canado-britanniques. Si le Brexit se concrétise, le Canada et le Royaume-Uni négocieront un nouvel accord commercial bilatéral. Il est encore trop tôt pour savoir à quoi ressemblerait un tel accord, mais il pourrait s’agir d’une version améliorée de l’AECG.
Selon un rapport préparé en octobre 2017 par la Banque Royale du Canada, le Brexit pourrait avoir les répercussions suivantes sur les entreprises canadiennes ayant des activités au Royaume-Uni :
- Bon nombre de produits canadiens exportés au Royaume-Uni ont déjà profité d’une abolition de tarif avant la signature de l’AECG, et cela ne devrait pas changer. Toutefois, quelques produits comme certains types de machinerie et d’équipement ainsi que les pièces d’aéronefs pourraient voir leurs tarifs pré-AECG rétablis.
- Grâce aux dispositions de l’AECG sur la mobilité de la main-d’œuvre, il est plus facile pour les fournisseurs de services canadiens de déplacer du personnel entre le Canada et les nations de l’UE et de fournir des services en sol européen. Après le Brexit, et en l’absence d’un nouvel accord canado-britannique contenant des dispositions de mobilité similaires, les fournisseurs de services canadiens auront moins facilement accès au Royaume-Uni.
- Les entreprises canadiennes qui se sont établies au Royaume-Uni pour diriger leurs activités en Europe devront peut-être se réinstaller sur le continent pour préserver leur accès à l’UE.