Le choc économique de la COVID-19 et les mesures de confinement prises à l’échelle de la planète pour freiner la pandémie ont fait glisser la confiance des exportateurs canadiens à un creux sans précédent. De ce fait, l’indice général d’Exportation et développement Canada (EDC) a chuté de 19 %, passant de 69,3 à 56,0.

Notre dernier sondage de l’indice de confiance commerciale (ICC) a été réalisé en mai, un mois qui s’est révélé éprouvant pour nombre d’exportateurs. Rappelons-nous : l’économie sortait à peine du gouffre où elle était tombée, et certaines provinces commençaient à assouplir peu à peu les mesures initialement prises pour contenir la pandémie.

La COVID-19 à l’origine de l’effritement de la confiance – La chute de l’indice général d’EDC n’est pas une surprise. La plupart des autres sondages ciblant d’autres variables économiques décrivent dernièrement à peu près le même tableau et leurs conclusions rendent compte des mêmes nouvelles décevantes.

Les résultats de notre sondage illustrent l’ampleur du choc de la pandémie sur les exportateurs canadiens. Le déclin est généralisé puisqu’il touche les cinq composantes de l’ICC, tous les secteurs économiques du Canada et toutes les régions du pays.

C’est dans le secteur du transport que la baisse est la plus marquée. Ce recul est conforme à notre plus récente édition des Prévisions à l'exportation dans laquelle nous anticipons une contraction des exportations de 30 à 35 % en 2020 dans les filières automobile et aéronautique. Dans le classement, le transport suit le secteur des industries extractives. Pour leur part, les exportations pétrolières canadiennes devraient enregistrer une diminution tout aussi spectaculaire cette année en raison de la dégringolade des cours mondiaux, qui commencent tout juste à se redresser.

Près des trois quarts des répondants déclarent que la crise de la COVID-19 a une incidence défavorable sur leurs ventes, et la moitié d’entre eux affirment qu’elle a des conséquences « très négatives ». Cela dit, certaines entreprises (14 %) reconnaissent que la pandémie a des effets positifs sur leurs ventes. Dans un cas comme dans l’autre, la plupart des répondants (64 %) s’attendent à ce que les répercussions de la pandémie sur leurs ventes persistent jusqu’en 2021.

À l’heure actuelle, les entreprises interrogées considèrent la conjoncture économique mondiale comme leur plus grand défi. D’ailleurs, ils s’attendent à une reprise lente et saccadée qui s’accompagnerait de multiples vagues d’infection et d’un parcours en dents de scie.

 

Un vent de protectionnisme souffle toujours – La pandémie inquiète certains exportateurs, mais le regain de protectionnisme figure aussi parmi leurs préoccupations. En conséquence, plus des deux tiers (69 %) des répondants prévoient une intensification du protectionnisme au cours de l’année à venir, ce qui est presque le double du taux obtenu lors de notre dernier sondage.

Le protectionnisme influe sur les stratégies mondiales d’une bonne partie (39 %) des exportateurs canadiens. Qui plus est, près du tiers (31 %) d’entre eux déclarent que les tensions entre le Canada et la Chine ont des conséquences négatives sur leur activité. Dans la foulée de la phase 1 de l’accord récemment conclu entre les États-Unis et la Chine, certaines exportations canadiennes se trouvent menacées, notamment de soja, de bois d’œuvre, de porc et de produits de la mer. 

Un intérêt inédit pour la diversification : En ces temps tumultueux, il est réconfortant de constater que les exportateurs canadiens sont de plus en plus nombreux à vouloir rayonner à l’international en exportant vers de nouveaux marchés et en investissant hors de nos frontières. Ainsi, la part de répondants investissant à l’international s’est accrue de nouveau pour atteindre un sommet (20 %). De la même façon, la proportion de répondants exportant vers de nouveaux marchés ou prévoyant de le faire a atteint un niveau record. 

Parmi les principales destinations des exportations, on compte les États-Unis – l’éternel marché de prédilection – ainsi que le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. Ces choix s’expliquent par un intérêt plus marqué à exercer des activités en Europe depuis l’entrée en vigueur à titre provisoire de l’Accord économique et commercial global (AECG).

Comment les entreprises prévoient-elles se lancer sur ces nouveaux marchés? Ce serait par la voie de l’injection de capitaux plutôt que par celle de la main-d’œuvre. Les exportateurs misent de moins en moins sur l’embauche et de plus en plus sur l’investissement pour s’implanter sur ces marchés. Dans ce contexte, ils devront impérativement engagés des dépenses ciblant les immobilisations. Ces dépenses serviront à renforcer leurs capacités numériques et joueront un rôle prépondérant dans la reconstruction de l’économie.

Conclusion?

Les résultats du présent sondage sur l’ICC révèlent une tendance inquiétante déjà perceptible bien avant la pandémie de la COVID-19. À vrai dire, depuis la mi-2018, l’ICC s’est orienté à la baisse dans quatre éditions consécutives du sondage, ce qui représente un repli cumulatif de 27 %. Aujourd’hui, l’indice tombe à son plus bas niveau en plus de 20 ans. 

Même si certaines des composantes de l’indice ont atteint des creux historiques, il y a une lueur d’espoir. Au milieu de cette crise, les exportateurs canadiens se tournent vers des marchés aux quatre coins du globe afin d’y trouver de nouveaux clients. La proportion d’entreprises qui exportent ou investissent sur les marchés mondiaux n’a jamais été aussi importante. 

Avec un peu de chance, si les indicateurs de haute fréquence sont justes, le pire de la pandémie serait derrière nous. Il y a donc fort à parier que les résultats de notre prochain sondage de l’ICC, qui seront publiés en décembre, soient plus encourageants. D’ici là, restez en sécurité.

 

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