Malgré les fortes turbulences causées par la pandémie, le commerce international a rebondi plus rapidement que prévu. La Chine et les autres pays émergents d’Asie, premiers foyers d’infection où l’on a confiné la population, ont été les locomotives de la reprise. Il y a aussi eu une reprise marquée en Amérique du Nord et en Europe.

Sur le plan des résultats commerciaux, le Canada a fait preuve d’une résilience remarquable. Sans surprise, les exportateurs étaient plutôt pessimistes au beau milieu du confinement, en mai, lorsque les résultats du sondage d’EDC sur l’indice de confiance commerciale (ICC) ont atteint un creux historique. Depuis, consommateurs et entreprises ont regagné en confiance, les marchés boursiers se sont remis sur pied rapidement et les dépenses sont reparties à la hausse.

Contre toute attente, après l’assouplissement des restrictions sanitaires, le commerce des biens a connu une solide reprise en « V » en quelques mois. Le redémarrage a été particulièrement intense dans les usines automobiles, où on a rattrapé le temps perdu pour répondre à une forte demande inattendue de véhicules neufs. Et il n’y a pas que le secteur automobile. Les révisions à la hausse de nos prévisions pour 2020 étaient presque généralisées, mais particulièrement marquées pour l’agriculture et la foresterie.

À la fin de l’été, cinq des onze secteurs d’exportation avaient dépassé leurs niveaux d’activité prépandémique (agriculture, foresterie, exploitation minière, biens de consommation et automobile). À l’autre bout du spectre, les secteurs de l’énergie et de l’aéronautique traversent une période difficile qui exigera une adaptation sur plusieurs années.

Au Canada et dans le reste du monde, le commerce des services suit malheureusement une trajectoire en « L » qui perdure. Si les services commerciaux ont bien tenu le coup, les restrictions visant les passages frontaliers et la quarantaine obligatoire ont beaucoup réduit le tourisme et les transports transfrontaliers.

Dans une année qui s’est avérée jusqu’ici très éprouvante, nous avons enfin une bonne nouvelle pour l’année 1 des prévisions : l’économie et le commerce ne se sont pas effondrés comme nous l’avions craint initialement. La mauvaise nouvelle, c’est que nous prévoyons que la reprise de l’année 2 sera lente, et très inégale pour les différents secteurs. La pandémie est source d’une grande incertitude et appelle des ajustements structurels. Selon nous, les entreprises et les consommateurs resteront prudents, l’activité économique mondiale reprendra plus lentement, les prix de l’énergie stagneront et les restrictions visant les services transfrontaliers persisteront.

Nos nouvelles prévisions tiennent compte des données encourageants du commerce pendant l’été. Ainsi, les exportations canadiennes devraient chuté de 16 % en 2020, ce qui est mieux que la baisse de 20 % prévue au départ. D’un autre côté, les exportations augmenteront plus lentement en 2021, soit seulement de 9 %. En comparaison, on tablait sur une hausse spectaculaire de 19 % en juin.

L’année 2020 sera assurément difficile pour la plupart des entreprises, mais soulignons qu’en 2009, lors de la crise financière mondiale, le recul de 21 % de la croissance des exportations canadiennes était plus grave encore. Il ne faudrait pas minimiser les effets considérables de la COVID-19, car ils sont à l’origine d’une revue à la baisse de (-16 %) nos prévisions des exportations en 2021.

Globalement, les cours des matières premières à l’exportation diminueront d’environ 3 % cette année, avant de regagner 2 % en 2021. Cette dynamique s’explique en grande partie par le choc des cours pétroliers mondiaux. Sur une note positive, le cours  du bois d’œuvre est à la hausse grâce à la vigueur du marché de l’habitation aux États-Unis. Dans les secteurs de l’agriculture et des biens de consommation, les cours sont également relativement élevés.

Les exportations canadiennes à destination des marchés émergents éclipseront celles des marchés développés cette année (-5 % contre -17 %). Parmi nos grands partenaires commerciaux, ce sont nos exportations vers la Chine qui ont tenu le haut du pavé en 2020, l’activité économique dans ce pays ayant repris en force plus rapidement qu’ailleurs. Les exportations en vers l’Union européenne ont aussi été supérieures à la moyenne en cette troisième année du nouvel Accord économique et commercial global (AECG). 

En Amérique du Nord, les exportations vers les États-Unis ont affiché une bonne performance, tandis que celles vers le Mexique ont tiré de l’arrière, cette économie étant durement frappée par la pandémie.

Comme nos prévisions dépendent largement de l’ampleur de la propagation du virus et des mesures décrétées par les gouvernements pour y répondre, elles ont un degré d’incertitude plus grand qu’à l’habitude. Il est essentiel d’endiguer la pandémie. Les risques sont résolument à la baisse et pourraient se matérialiser rapidement. Selon notre scénario de référence, les éclosions de COVID-19 seront relativement contenues au Canada et chez nos principaux partenaires commerciaux à moyen terme. Nous prévoyons aussi l’adoption de mesures gouvernementales décentralisées pour les vagues à venir, et non pas un confinement généralisé de l’économie comme ce fut le cas lors de la première moitié de 2020. Cette stratégie devrait occasionner moins de perturbations économiques que celles que nous avons déjà connues.

Conclusion

Les données sur le commerce, ainsi que les ventes au détail, de voitures et de maisons, nous ont agréablement surpris. En raison de l’aide gouvernementale sans précédent aux ménages, des taux d’intérêt glissant à des niveaux inédits, des taux d’épargne personnel impressionnants, et des soldes bancaires gonflés chez les ménages à revenu plus élevé, les dépenses continueront de surpasser les attentes. Quand l’économie revolera de ses propres ailes, les décideurs mettrons sans doute fin, avec prudence, à une partie des extraordinaires programmes de soutien publics.

 

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