Les terribles effets de la COVID-19 sont visibles dans toutes les régions du globe. Les experts s’efforcent de suivre tant bien que mal l’avancée spectaculaire et dévastatrice de la pandémie. De leur côté, les prévisionnistes, face à des fluctuations presque quotidiennes, sont investis d’une tâche impossible : leurs prévisions de la croissance à court terme sont donc obsolètes bien avant leur publication. Voilà pourquoi d’éminents pronostiqueurs ont renoncé à se livrer à cet exercice et préfèrent attendre la fin de cette conjoncture tout à fait singulière. Plutôt que de baisser les bras, les Services économiques d’EDC se sont mis de façon permanente en « mode prévisions » afin de surveiller ces développements rapides. Alors, que disent nos plus récentes Perspectives économiques mondiales?

Assimiler la notion de développements économiques est une tâche qui se déroule en trois temps : anticiper la chute d’indicateurs déterminants et y réagir; analyser le flot quasi quotidien d’annonces-chocs en matière de politiques; et faire un suivi en temps réel des données liées au coronavirus. L’information sur ces trois fronts a considérablement varié pendant les semaines durant lesquelles la pandémie a sévi, ce qui a fortement perturbé le calendrier des prévisions économiques. La situation semble se stabiliser, mais nous restons tout de même sur un pied d’alerte. 

Face au chaos économique engendré par la COVID-19, divers types de relance, d’habitude désignés par une lettre, sont attendus. Il y a la relance en « V » (un repli bref et marqué suivi d’une reprise également brève et marquée) – une forme moins souhaitée que les autres; la reprise en « U » (caractérisée par un net recul, suivi d’une pause d’une durée variable, puis d’une dynamique relance) est celle que préfère la Fed; enfin, peu d’analystes s’attendent aujourd’hui à une reprise en « L » (un net repli suivi d’une reprise molle et partielle), une forme particulièrement redoutée. Dans notre édition estivale des Perspectives économiques mondiales, nous tablons sur une reprise en forme de crochet (un net repli suivi d’un rebond robuste mais partiel, suivi d’un lent retour vers les niveaux d’avant la pandémie alors que des éclosions de moindre gravité de la seconde vague freinent la reprise). Selon ce scénario, la production mondiale reviendrait à ses niveaux habituels d’ici la fin de 2021. Fait à noter, les données à haute fréquence nous donnent des signes encourageants que le rétablissement de l’économie est en marche.

Pour notre part, nous prévoyons que la croissance économique mondiale fléchira de 4,3 % cette année, un chiffre inimaginable il y a quelques semaines à peine. Les économies développées seront les plus durement touchées et perdront collectivement 5,4 %. Selon toute vraisemblance, les économies émergentes s’en tireront avec une contraction de 3,6 %, mais ce sera tout de même un dur choc compte tenu de la croissance qui était attendue. L’an prochain, la situation changera du tout au tout. La relance amorcée dans la seconde partie de 2020 portera la croissance mondiale à 6,9 % grâce à un poussée de 7,2 % sur les marchés émergents et à une embellie de 6,1 % dans les économies développées. Le Canada, la France et le Royaume-Uni accuseront les replis les plus importants cette année; cependant, ces deux économies européennes orchestreront un rebond en 2021, ce qui portera leur croissance légèrement au-dessus de la moyenne. Aux États-Unis, la croissance ralentira au rythme plus modéré de 5,0 % cette année, puis regrimpera à 6,9 % en 2021.

Durant cet intervalle, la politique monétaire sera résolument expansionniste. De plus, les taux d’intérêt resteront stables et s’approcheront de la valeur plancher jusqu’en 2022. Les mesures budgétaires seront progressivement supprimées alors que se confirme la reprise. Le délai d’octroi des fonds et la réticence à dépenser feront en sorte que les mesures de dépenses publiques s’appliqueront précisément quand la reprise s’installera. 

Dans un horizon à moyen terme, le cours des produits de base progressera lentement pour s’établir aux niveaux d’avant la pandémie. Aucune remontée soudaine des cours pétroliers n’est attendue puisque tout gain à ce chapitre entraînerait la mise en circulation des stocks inutilisés de pétrole de schiste et d’autres sources non conventionnelles. Par conséquent, les restrictions officielles sur l’offre ne permettront pas initialement de faire remonter le cours du Western Texas Intermediate (WTI) bien au-dessus des 35 dollars le baril. Le cours des métaux sera confronté à la même offre abondante, ce qui diminuera les gains à court terme induit par les cours.

Les perspectives du Canada sont parmi les plus décevantes au sein des nations de l’OCDE, et ce, pour plusieurs raisons. Au Canada, les secteurs de la consommation et du logement ne profitaient pas de solides fondamentaux au début du ralentissement, ce qui n’était pas le cas chez les autres États membres. De plus, notre dépendance envers le commerce international et les filières automobile, aéronautique et des hydrocarbures a assombri nos perspectives dans un horizon à court terme. Enfin, au Canada, les relèvements de taux d’intérêt suivront – avec un décalage d’environ six mois – ceux effectués par la Fed. Par rapport au billet vert, le dollar canadien s’échangera à 73 cents cette année et à 75 cents en 2021.

Conclusion?

L’activité économique mondiale est dans le rouge depuis des semaines, et les perspectives économiques continuent d’être revues à la baisse. Parallèlement, on voit se dessiner les premiers signes prometteurs d’une amélioration grâce à la mise en œuvre des programmes de retour au travail dans les pays de la première vague, comme la Chine et la Corée du Sud. Les plus récentes données sur le marché de l’emploi au Canada et aux États-Unis font apparaître une lueur d’espoir, et les bonnes nouvelles devraient se multiplier en milieu d’année. Cette lancée se poursuivra si nous parvenons à maîtriser la pandémie. Jusqu’ici, cela semble être le cas. Nous sommes tous impatients que se termine cet épisode éprouvant.

 

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