L’automobile a plus que jamais la cote! Qui aurait pu l’imaginer! Malgré les inquiétudes qui nous accablent en temps de pandémie, l’achat de véhicules ne connaît pas la crise, bien au contraire. Cette situation, comment peut-on l’expliquer, pourquoi survient-elle aujourd’hui et que dit-elle à propos de l’économie en général? 

Les ventes étaient dynamiques bien avant la pandémie. En 2019, les ventes de véhicules légers aux États-Unis avaient atteint 17 millions d’unités pour une cinquième année consécutive. Le souvenir des jours sombres traversés par le secteur automobile après la crise financière s’estompait peu à peu. Et puis la pandémie a frappé. Du jour au lendemain, les ventes ont été réduites de moitié. Après un rebond partiel, elles ont redécollé pendant la seconde partie de 2020, et cette vive cadence s’est maintenue jusqu’à la mi-2021, les ventes se hissant même à 18,5 millions d’unités en avril. Les mêmes tendances ont été observées au Canada.

Comment peut-on expliquer pareille fièvre au beau milieu de la pandémie?

  1. Première explication : nous n’étions pas à court de liquidités. La plupart des gens avaient conservé leur emploi et leur source de revenus, et diminué leurs dépenses dans le contexte de la pandémie.
  2. Deuxième explication : nous avons tous été confinés à, essentiellement, un mode de transport. Les voyages en avion, les séjours sur les navires de croisière et les déplacements en transports collectifs ont été réduits au strict minimum durant et après les confinements. Les déplacements personnels se sont limités à des visites à l’épicerie ou dans une autre ville canadienne. Cette conjoncture n’a pas seulement affecté les ventes de véhicules légers; on a aussi observé un élan vers les véhicules récréatifs.
  3. Enfin, troisième explication : la production a suivi une trajectoire en montagnes russes, beaucoup plus mouvementée qu’à l’habitude. Les usines partout en Amérique du Nord ont cessé de tourner, ramenant la production à près de zéro en mai. Cette situation aurait créé une crise dans la plupart des secteurs, mais la filière automobile et des pièces étaient déjà passées par là, puisque le réoutillage et les changements de modèle ont régulièrement causé des arrêts d’activité, qui sont coordonnés à l’ensemble des chaînes d’approvisionnement pour les divers modèles et plateformes. Fidèle à ses habitudes, le secteur redémarre plus rapidement que d’autres dès que le feu vert est redonné.

Le prix de vente des véhicules neufs et d’occasions reste élevé. Fait intéressant, mon concessionnaire m’a envoyé plusieurs messages où il me promet de payer 10 % de plus que le prix courant pour ma berline de dix ans dont l’odomètre frôle les 200 000 kilomètres. Et il serait sans doute prêt à payer davantage. 

La donne a changé. Les ventes accusent récemment un fort repli, tous véhicules confondus, même si les économies nord-américaines ont en grande partie repris leurs activités – et cela n’est pas attribuable à un facteur d’ordre sanitaire lié à la pandémie.


Tous les acteurs le savent : il est difficile d’obtenir des véhicules. C’est le cœur du problème : aux États-Unis, les stocks ont fondu de 80 % et les entreprises du secteur font l’impossible pour maintenir les stocks. Sur le marché américain, on cherche généralement à maintenir 60 jours de stocks. À l’heure actuelle, l’ampleur des stocks se limite à 24 jours. Cet intervalle étant inférieur au cycle d’expédition mensuel, les vendeurs ont tout juste assez de stocks pour le mois. Voilà pourquoi, ces temps-ci, il est si difficile de mettre la main sur un véhicule.

Cette situation a porté la demande comprimée à des niveaux inimaginables. Si vous parlez à des chefs de file du secteur, ils évoqueront sans hésitation l’accès problématique aux semiconducteurs. La production va bon train, mais l’étape de la construction ne peut être menée jusqu’au bout en raison de la pénurie criante de puces, qui sont essentielles pour la fabrication des composantes électroniques. Les stocks sont abondants, mais les nombreux véhicules qui ne se sont pas terminés du fait du manque de puces ne peuvent être vendus. Les constructeurs commencent à s’inquiéter de la taille de ces stocks et, du coup, diminuent leur production. Ils savent qu’ils pourront vendre ces véhicules, mais la question du jour est à quel moment ils pourront le faire…

Sur ce front, la normalisation du côté de l’approvisionnement en puces électroniques aura un effet déterminant. Certains prévoient qu’elle aura lieu à la mi-2022, alors que d’autres estiment qu’il faudra attendre jusqu’à 18 mois. Le sentiment est que cela se produira dans un avenir proche. Les Européens et les Américains tentent d’accélérer la cadence dans les nouvelles installations afin de se procurer le matériel dont ils auront besoin et éviter à nouveau ce genre de situation. Les fabricants de puces électroniques bien établis font des affaires d’or vu le prix élevé de leur produit, mais ils ne souhaitent pas une entrée massive dans la production mondiale. Voilà un puissant incitatif pour augmenter la production le plus possible et le plus vite possible.

Pour l’heure, la demande est robuste et les fondamentaux solides. En clair, quand l’activité redémarrera, les ventes progresseront à vive allure. Dans l’intervalle, les acteurs demeurent dans l’expectative.  

Conclusion?

Les consommateurs nord-américains sont friands d’automobiles, et sont prêts à en acquérir davantage. Je suis persuadé que lorsque ces véhicules seront disponibles, nous n’hésiterons pas à les acheter. Il semble d’ailleurs que les incitatifs se multiplient pour dénouer la congestion actuelle, et ce, plus tôt que ne l’affirment les pessimistes. Lorsque nous serons à cette étape et que notre principale préoccupation sera de répondre à la demande comprimée, nous délaisserons une partie des idées protectionnistes particulières au secteur qui circulent de nouveau ces derniers jours.

 

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