Lorsque l’éclosion de COVID-19 touchant la ville chinoise de Wuhan a été portée à l’attention du reste du monde par les médias en décembre 2019, la vie sur place changeait à un rythme frénétique, la confusion et la peur s’installant à mesure que les autorités locales s’activaient pour contenir au plus vite cette nouvelle souche de coronavirus.

Confinement, quarantaine, contrôle des déplacements, vagues de panique dans les magasins, fausses nouvelles sur les médias sociaux et données contradictoires… Voilà autant d’éléments qui ont exacerbé la situation déjà difficile. Alors que le reste du monde regardait le virus gagner du terrain dans tout le pays, l’impression terrible que la Chine était livrée à elle-même s’installait.

En février, au moment du pic de l’épidémie, le Canada a été l’un des rares pays à envoyer une aide plus que bienvenue sur place en expédiant 16 tonnes d’équipement de protection individuelle (vêtements, masques et lunettes de protection, gants, etc.) pour aider la Chine dans sa lutte anti-infectieuse. Le 27 mars dernier, la Chine a rendu la pareille au Canada en faisant à son tour don de dizaine de milliers d’équipements de protection individuelle.

Après de nombreuses semaines de lutte acharnée, la Chine voit aujourd’hui sa situation s’améliorer, et de nombreuses régions mettent en place des mesures pour encadrer la reprise des activités. Les métropoles ont retrouvé leur rythme habituel, ou sont en passe de le faire. Les lieux publics comme les bibliothèques et les parcs rouvrent progressivement, sous réserve d’un respect rigoureux des règles de distanciation sociale. À Wuhan, on rapporte que les entreprises fonctionnent à 60 % de leur capacité et que bon nombre des usines augmentent leur production pour combler le retard accumulé.

Musée du Palais, en Chine

Quels sont les secteurs les plus touchés par la pandémie?

Ce sont les secteurs des transports aériens, du voyage, de l’hôtellerie, des loisirs et du divertissement qui sont les plus mis à mal, tout comme la majorité du secteur manufacturier. De surcroît, l’espoir initial que l’économie se remettrait rapidement sur les rails s’est maintenant envolé, puisque la COVID-19, devenue pandémique, paralyse les activités de nombreux pays, comme elle l’a fait en Chine.

Et la Chine n’est pas à l’abri d’une deuxième vague de contagion. En effet, beaucoup de voyageurs, surtout des étudiants, reviennent au pays pour fuir l’Europe ou l’Amérique du Nord, par exemple. Au cours de la semaine du 23 mars, ce sont plus de 95 % des nouveaux cas diagnostiqués qui concernaient un patient ayant récemment voyagé ou arrivant de l’étranger. Conséquences : le pays a fermé ses frontières et suspendu l’octroi de visas internationaux.

En revanche, les ventes en ligne, les plateformes de commerce électronique, le secteur de la logistique et certaines entreprises de TI, comme les fournisseurs de solutions Web, ont connu une période prospère. Au Canada, les entreprises du domaine ont elles aussi connu un vif succès, notamment celles offrant des formations en ligne, des services de vidéoconférence et des plateformes de télétravail. C’est sans surprise que les pharmaceutiques et les fabricants d’équipement sanitaire et médical ont eux aussi été très sollicités.

Comment les entreprises canadiennes actives en Chine font-elles face à la pandémie de COVID-19?

Le milieu des affaires canadien a fait preuve d’une solidarité exceptionnelle pendant cette période difficile. Les chambres de commerce locales ont organisé des groupes de discussion en ligne, permettant à un grand nombre de personnes d’échanger et de s’informer. De temps à autre, des employés de l’ambassade et du consulat du Canada sont intervenus pour rectifier les faits, et les personnes affectées par la crise sanitaire ont pu recevoir des mots d’encouragement et de soutien.

En Chine, les entreprises canadiennes reprennent progressivement leurs activités avec leurs contreparties locales et les industries nationales. Celles dont les clients travaillent sur le marché intérieur remontent bien la pente, mais celles participant – directement ou non – au commerce extérieur chinois ne peuvent être sûres de rien; seuls les secteurs de l’équipement sanitaire et médical sont épargnés.

Certaines entreprises canadiennes de vente et de distribution cherchent activement les occasions d’affaires et se tournent vers l’approvisionnement en matériel et en équipement utilisés dans la lutte anti-infectieuse. On voit d’ailleurs apparaître quelques fabricants qui, n’ayant pas les qualifications ou les autorisations requises, offrent des produits non conformes. Les entreprises canadiennes doivent donc redoubler de vigilance à l’étape du contrôle préalable.

Quelle est l’aide offerte aux entreprises canadiennes actives en Chine?

Exportation et développement Canada vient de lancer sa nouvelle Garantie − Programme de crédit aux entreprises (PCE) pour aider ces entreprises à obtenir auprès de leur banque les fonds nécessaires pour couvrir le salaire de leurs employés et leurs coûts d’exploitation. Affaires mondiales Canada est également d’une aide précieuse, tout particulièrement pour être prévenu en temps opportuns des changements réglementaires majeurs, des grandes annonces et des séances d’information sur les règles à adopter pour prévenir la contagion. Les bureaux locaux des chambres de commerce canadiennes et du Conseil d’affaires Canada-Chine ont d’ailleurs organisé une série de webinaires, dont l’un portait sur EDC et ses produits et services.

Représentant en chef de la Chine élargie pour Exportation et développement Canada, Chia Wan Liew vit à Hong Kong.