Quand James Yurichuk a été échangé aux Argonauts de Toronto par les Lions de la Colombie-Britannique en 2013, le secondeur de la Ligue canadienne de football savait que convaincre sa copine brésilienne de le suivre ne serait pas chose facile. Il devrait assurément lui acheter un manteau élégant qui la garderait au chaud malgré les températures froides de l’Est du Canada.

Impossible toutefois de trouver un manteau chaud et végane (soit exempt de produits d’origine animale). La solution : en fabriquer un lui-même. C’est ainsi que Wuxly Movement a vu le jour. L’entreprise de vêtements d’extérieur durables connaît une croissance rapide et exporte aujourd’hui partout dans le monde.

Dans ces températures glaciales, nous avons demandé à M. Yurichuk de nous montrer à quoi ressemble son quotidien d’entrepreneur, père de deux enfants et exportateur.

6 h 30 : Réveil au lever du soleil. Je me lève aux aurores pour aider mes fils à se préparer. Je dois m’assurer qu’ils déjeunent, que leur boîte à lunch est prête, et qu’ils ne sont pas en retard pour l’école.

8 h 30 : Café! J’aime arriver au bureau avant 9 h, question de donner l’exemple. Ça me donne aussi le temps de boire mon sacro-saint café du matin. J’ai compris assez tôt que la caféine serait ma meilleure amie dans mes journées bien remplies; je n’ai donc pas tardé à doter le bureau d’une machine à espresso haut de gamme. Grâce à elle, mon équipe garde le sourire du matin au soir.

9 h 30 : Réunion d’équipe. Nous nous rassemblons tous pour passer en revue les priorités du jour, qu’il s’agisse d’examiner de nouveaux motifs pour nos manteaux ou des maquettes du Marketing pour notre nouvelle campagne publicitaire, ou encore de faire un suivi auprès de la Production. On n’est jamais à court de points à discuter.

Mon conseil pour les entrepreneurs :

Il faut travailler en équipe. En tant que chef de la direction, je me vois comme le coach d’une équipe formée de « joueurs » occupant des positions différentes : les concepteurs de produits, les coordonnateurs du Marketing, les concepteurs graphiques; tous ont un rôle essentiel à jouer. J’essaie de leur montrer où on s’en va et de les motiver pour qu’on avance tous ensemble. D’où l’importance, à mes yeux, de nos réunions quotidiennes.

11 h : Répondre aux messages. Je prends le temps de répondre aux courriels ou aux appels de nos fournisseurs et de nos fabricants pour m’assurer que tout va bien. Nous avons à cœur de voir notre production rester au Canada, et c’est pourquoi j’aime collaborer étroitement avec nos partenaires.

Portrait d’un jour d’un exportateur : James Yurichuk, Wuxly Movement

Mon conseil pour les entrepreneurs :

Créez votre propre marque. Elle doit se distinguer à toutes les étapes de votre chaîne d’approvisionnement. Par exemple, les cordons de nos vestes viennent d’une entreprise reconnue de la rue Dufferin à Toronto qui, depuis quatre générations, fabrique des lacets de patins de hockey. Un autre de nos principaux fabricants travaille dans une usine centenaire à Winnipeg. Et les couches isolantes de nos vestes sont conçues par une entreprise familiale de Montréal qui produit dans un souci de développement durable, utilisant la chaleur produite par ses machines de teinture pour alimenter ses installations en électricité.

Midi : Dîner en vitesse. Heureusement, il y a Fresh, un délicieux restaurant végétarien à deux pas de nos bureaux. Comme je n’ai plus le temps de bouger autant qu’avant, quand j’étais footballeur, j’aime manger aussi santé que possible.

13 h : Réunions, prise deux. J’aime rester au courant de l’évolution de nos projets, alors je demande à mon collègue Sean Melo, qui gère notre Programme d’échange de manteaux, de me faire un compte rendu.

Mon conseil pour les entrepreneurs :

Donnez au suivant. À mesure que vous développez votre entreprise, cherchez des moyens de redonner à votre communauté. Je suis très fier de notre Programme d’échange de manteaux. Quand quelqu’un arrive dans nos bureaux avec un manteau d’une autre marque canadienne fabriqué avec des composantes animales, nous lui offrons un crédit Wuxly. Nous redistribuons ensuite les manteaux reçus entre les six refuges pour sans-abris avec lesquels nous faisons affaire aux quatre coins du pays. Sean s’assure que ces manteaux finissent entre les mains des gens qui en ont besoin.

14 h 30 : Appel avec eShipper. Je prends le temps de faire un suivi auprès de notre distributeur, eShipper, qui s’assure que les manteaux vendus en ligne sont expédiés rapidement, une promesse que nous faisons au client. À Wuxly, nous ne nous contentons pas d’un simple bonjour ou au revoir avec nos clients : nous entretenons des relations à long terme avec eux pour qu’ils soient servis au mieux et restent dans la famille.

Mon conseil pour les entrepreneurs :

Choisissez le bon distributeur. En plus du Canada, nous expédions nos produits aux États-Unis, en Suède, en Allemagne, en Norvège, et même au Japon depuis peu. L’expédition est une étape chronophage, mais non moins majeure dans l’expérience-client. Pour avoir l’esprit tranquille, je dois donc avoir confiance en mon distributeur.

16 h : « Éteindre des feux ». Quand la journée tire à sa fin, j’essaie de répondre aux courriels reçus pendant mes réunions pour régler tout problème qui aurait pu surgir.

17 h : Retour à mon rôle de père. Quand c’est possible, j’essaie de partir du bureau à temps pour pouvoir faire le chauffeur Uber pour mes enfants. Blagues à part, j’essaie autant que possible d’aller conduire mes enfants à leurs activités. Jiu-jitsu, hockey ou soccer : j’aime être là pour les encourager.

A day in the life of an exporter: James Yurichuk, Wuxly Movement

20 h 30 : Mettre les enfants au lit et décompresser. Après avoir couché les enfants, j’aime passer du temps avec ma femme* pour me déstresser. Nous finissons souvent par écouter Dragons’ Den ou Shark Tank, des émissions où je vois aller certains entrepreneurs dont j’admire les efforts.

Mon conseil pour les entrepreneurs :

Gardez la foi. Quand on est son propre patron, on se sent parfois seul devant l’adversité. Mais suffit de voir la persévérance des autres entrepreneurs et les risques qu’ils prennent pour comprendre qu’on n’est pas seul. C’est inspirant : quand je vois un candidat sortir des sentiers battus à Shark Tank, je me dis que je devrais peut-être " améliorer mon jeu " un peu.

* En effet, ma copine brésilienne a dû aimer son manteau Wuxly, car elle ne m’a pas seulement suivi à Toronto; elle est aussi devenue ma femme!

22 h 30 : Une nuit de repos bien méritée! L’heure est venue de me reposer en vue du lendemain. Ce que je préfère du fait de posséder une petite entreprise exportatrice, c’est que chaque jour est différent.

 

Photos par : George Pimentel