Ils sont des millions à retrouver un emploi. Bon nombre d’analystes se demandaient si ce retour était possible : ce jour est bel et bien arrivé. Lors de la grande récession, des travailleurs américains avaient été tenus à l’écart du marché du travail; ils avaient par la suite, année après année, accueilli dans leurs rangs des personnes incapables de se trouver du travail en raison de la croissance poussive d’après la récession.

Pendant huit ans, cette tendance s’est maintenue, ce qui en a poussé plusieurs à conclure que cette situation était permanente. Tout portait à croire qu’elle l’était, et les explications avancées confortaient d’ailleurs cette idée. Pourtant, les travailleurs jadis laissés-pour-compte font un retour en force sur le marché du travail. Comment l’expliquer?

La tournure des événements au début de 2016 a été pour le moins remarquable. Le taux d’activité, tous les groupes d’âge confondus, s’orientait à la baisse depuis 2008, soit pendant un intervalle suffisamment long pour nous convaincre qu’il s’agissait d’une nouvelle tendance pour le moins négative. Cela défiait toute logique : le taux de chômage reculait à mesure que l’économie reprenait de la vigueur, mais beaucoup restaient exclus du marché du travail, comme si la récession s’accentuait. Cette situation était déroutante – et jugée inédite par la plupart. Malgré l’absence d’élément déclencheur dans la sphère économique, comme une nouvelle politique ou un nouveau programme, la tendance s’est inversée il y a trois ans, et l’activité est pratiquement revenue à la normale.

Cette évolution devient encore plus remarquable lorsque nous poussons notre analyse. En effet, certains nouveaux diplômés ont dû attendre de sept à huit ans avant de trouver leur premier véritable emploi. Voilà un intervalle long dans la vie d’une personne – et un intervalle encore plus considérable dans sa carrière. En principe, ces personnes auraient dû renoncer à trouver un emploi dans leur domaine et se résigner à accepter, non sans cynisme, ce qui était disponible. Ce n’est cependant pas ce qui s'est passé : en avril, ils ont enregistré un taux de participation à la vie active de seulement 0,7 % inférieur au pic précédemment atteint.

Qu’en est-il des personnes en milieu de carrière? Leur parcours a été encore plus difficile. Privés de travail, ils ont passé près de huit années sur la touche. Avaient-ils toujours la possibilité de décrocher un emploi compte tenu de leurs compétences insuffisantes et de leur faible connaissance des technologies? Il semblerait que oui. Le groupe des 45 à 54 ans est de retour sur le marché du travail et son taux de participation est à peine un demi-point de pourcentage en deçà du sommet de 2007-2008.

Ceux qui croyaient que les 55 à 64 ans avaient droit à une seconde chance sont encore moins nombreux, et ce, pour trois raisons. La première, ces travailleurs sont les plus proches de l’âge de la retraite. La deuxième, ils seraient les plus pénalisés par le manque de compétences. Enfin, troisième raison, ils seraient les plus susceptibles d’être dépassés par les progrès technologiques. Étonnamment, malgré ces obstacles, ce groupe a connu un repli moins marqué de son taux de participation. Fait à noter, même si le retard à rattraper est moins important, ce taux de participation a progressé en phase avec celui des autres groupes d’âge.

Les 35 à 44 ans sont moins touchés par cette tendance. Cette cohorte, à l'instar des autres, a dû composer avec une longue glissade de son taux de participation. Ce taux s’est redressé comme chez les autres groupes, mais il lui reste à regagner un peu moins de la moitié du terrain perdu. Il est difficile d’expliquer pourquoi ce groupe est à la traîne puisque, en théorie, il devrait être avantagé par rapport au groupe plus âgé. Naturellement, il est possible que ce dernier groupe ait tiré parti de son expérience pour conserver son poste ou reprendre un emploi plus rapidement que la cohorte des 35 à 44 ans, mais cela ne suffit pas à rendre compte de la baisse du taux chez ce groupe plus jeune; le mystère persiste. Cela dit, ce groupe représente un bassin de travailleurs potentiels où l’économie pourrait puiser si le marché de l’emploi aux États-Unis continue de bénéficier d’une embellie.

Conclusion?

Certains redoutent que le cycle actuel de l’économie américaine tire à sa fin. Pourtant, dans le même temps, depuis plusieurs années, ils sont des millions à réintégrer le marché du travail. Cet influx aura un effet stimulant sur la croissance des dépenses de consommation, aujourd’hui et à court terme; chose certaine, ce mouvement se poursuivra. Longue vie à la croissance intérieure de l’économie américaine!

 

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