Le commerce international a commencé 2022 en force, déterminé à mettre fin à deux ans de pandémie. On connaît la suite : le volume des exportations mondiales a gagné plus de 4 % durant les six premiers mois de l’année malgré les perturbations persistantes ayant touché les chaînes d’approvisionnement et l’impact de l’invasion russe en Ukraine. Aujourd’hui, on s’attend à un repli du commerce international d’ici la fin de l’année, et ce, pour plusieurs raisons : l’intervention ciblée des banques centrales visant à faire redescendre l’inflation de son pic en près de 40 ans; les défis grandissants de l’Europe cet hiver sur le plan énergétique; et le maintien de la politique zéro COVID en Chine.

Face à cette conjoncture, on prévoit un recul de la croissance de l’économie mondiale à un fragile taux de 2,2 % en 2022 et à tout juste 2,6 % en 2023. Et les perspectives pour les exportations canadiennes s’annoncent tout aussi moroses. Durant les huit premiers mois de l’année, les exportations canadiennes de biens ont fait un formidable bond de 27 % par rapport à l’année précédente. Toutefois, une analyse plus détaillée met en lumière deux constats au sujet de cette performance. 

Le premier : cette belle progression montre la faiblesse des exportations de biens en 2021, alors toujours éprouvées par les effets persistants de la pandémie. Le second : Les exportations d’énergie – qui représentent d’habitude 25 % des exportations de biens du Canada – ont bondi de près de 80 % durant les huit premiers mois de 2022, portées par la montée des cours de l’énergie, elle-même alimentée par l’invasion russe en Ukraine. En prenant note de ces deux constats, cette augmentation de la croissance devient moins impressionnante.


Une analyse des exportations canadiennes de services met en lumière une dynamique semblable. La solide croissance de 16 % depuis le début de l’année ne dresse pas un portrait fidèle de la situation. En fait, par rapport aux exportations de biens, les exportations de services ont été davantage pénalisées par les contrôles à la frontière liés à la COVID-19, les politiques de vaccination et les quarantaines obligatoires. Ces mesures ont maintenu à des niveaux artificiellement bas l’activité de transport et de voyage, deux segments clés des exportations de services. La plupart des pays, dont le Canada, ont désormais assoupli ou supprimé ces restrictions. Dans ce contexte, l’équipe des Services économiques d’Exportation et développement Canada, qui publie ces jours-ci son édition annuelle des Prévisions à l'exportation, anticipe une robuste croissance des exportations de services, alors que le monde émerge de la pandémie de COVID-19.   

Après un bond de 18 %, la croissance des exportations canadiennes devrait atteindre 26 % en 2022, avant de glisser à moins de 4 % en 2023. L’an prochain, les exportations d'énergie seront moins dynamiques en raison d’un recul des cours. Ce recul sera causé par une détente de l’activité économique mondiale et une diminution des principaux risques entourant la guerre en Ukraine. 

Les exportations du secteur forestier freineront aussi la croissance des exportations, étant donné la chute des cours et la baisse du nombre de mises en chantier aux États-Unis, attribuable à des taux d’intérêt plus élevés. À l’inverse, le secteur agricole profitera d’une saison des récoltes exceptionnelle alors que les exportateurs d’engrais augmentent leurs capacités de production, leurs concurrents russes et biélorusses étant toujours visés par des sanctions. Quant à l’industrie automobile, elle pourra finalement considérer comme une chose du passé les perturbations ayant touché la chaîne d’approvisionnement.

Depuis deux ans, l’envolée des prix a stimulé de façon substantielle la croissance des exportations canadiennes grâce à l’accélération de l’inflation, les bouleversements liés à la pandémie et la congestion des chaînes d’approvisionnement. Pourtant, la contribution de la hausse des prix aux perspectives pour les exportations devrait diminuer. En 2021, l’augmentation des prix a contribué à près de 16 % de la croissance; en 2022, cette contribution devrait passer à 22 % à la faveur de la progression du cours des produits de base en début d’année. À mesure que les préoccupations entourant l’offre se dissipent et que l’accent est mis sur la vivacité de la demande mondiale, on devrait réaliser des gains du côté des volumes en 2023.

Conclusion?

Les perspectives pour le commerce international et le commerce extérieur du Canada n’ont jamais été aussi peu encourageantes en un an et demi. Pourtant, dans l’après-pandémie, certains secteurs seront bien placés pour saisir des opportunités, même si notre scénario de référence prévoit la présence de plusieurs risques. De fait, le repli de la consommation en Amérique du Nord, les défis énergétiques de l’Europe cet hiver, l’action décisive des banques centrales en matière de taux d’intérêt et la contagion sur les marchés des capitaux risquent d’assombrir considérablement les perspectives pour les exportations. 

Tous nos remerciements à Ross Prusakowski, directeur du Centre d’information économique et politique d’EDC, pour sa contribution à la présente édition. 

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