Trois femmes d’affaires regardant un tableau couvert de notes Post-it.

Conseils financiers pour les entrepreneures canadiennes

Suivez votre instinct. Développez vos réseaux. Faites preuve d’audace. Rêvez en grand. Il s’agit là de messages puissants qui ont été communiqués lors d’une récente conférence virtuelle mettant en lumière les défis financiers auxquels font face les entrepreneures canadiennes.

Organisée par les Organisations d’entreprises de femmes du Canada (OEFC) et coparrainée par Exportation et développement Canada (EDC), l’activité d’un mois (du 1er au 22 février) a comporté des discussions de spécialistes et des présentations sur des enjeux clés touchant les entreprises dirigées par des femmes. Ce fut aussi l’occasion de réseauter avec des conseillers financiers, des spécialistes du marketing et des chefs d’entreprises de partout au Canada au sujet des avantages de l’exportation.

« Il y a beaucoup d’avantages pour les entreprises canadiennes à vendre leurs produits et services à l’étranger. En fait, les recherches montrent que les entreprises canadiennes qui exportent peuvent accroître leur rentabilité de 121 %, leur productivité de 30 % et l’innovation de 25 % », a déclaré Catherine Beach, responsable nationale de Femmes en commerce d’EDC et animatrice à la troisième conférence nationale annuelle WEOC X : Échanger, élargir et explorer.

Toutefois, elle admet que l’exportation ne vient pas sans sa charge de défis.

« Toutes les entreprises qui sont sur le point de prendre de l’expansion à l’échelle internationale, ou qui sont au cœur de celle-ci, ont besoin d’avoir accès à des capitaux. Nous savons également qu’il peut être risqué de faire des affaires à l’échelle internationale, et le défaut de paiement est l’un des principaux risques qui préoccupent les entreprises lorsqu’elles vendent à l’échelle internationale. ». 

Pour les entrepreneures, qui ont tendance à être plus réticentes à prendre des risques que leurs homologues masculins, même demander un soutien financier peut être difficile, sans parler de présenter leur entreprise à des investisseurs en capital-risque.

« Tout le monde a entendu parler des statistiques sur le pourcentage de capitaux propres qui va aux femmes et aux fondateurs issus de la diversité. À l’heure actuelle, les entreprises appartenant à des femmes ne reçoivent que 2,8 % du capital-risque disponible dans le monde et environ 4 % du capital-risque disponible au Canada », a fait remarquer Mme Beach au sujet de l’inégalité des investissements. 

« Les femmes sont également sous-représentées parmi les investisseurs en actions, ne représentant que 15,2 % des partenaires canadiens de capital-risque et 16,7 % des investisseurs providentiels canadiens. ». 

Alors, pourquoi les femmes propriétaires d’entreprise sont-elles moins susceptibles d’obtenir un prêt ou un investissement en actions pour financer la croissance de leur entreprise? Quels sont les avantages de l’assurance crédit pour vos exportations et comment trouver le bon courtier pour votre entreprise?

Le 17 février dernier, lors d’une table ronde sur le financement de stratégies d’expansion internationale et d’atténuation des risques pour les entrepreneures, Mme Beach s’est tournée vers trois spécialistes pour obtenir des réponses.

Nadine El Saddi, Banque de développement du Canada

Nadine El Saddi, Cheffe régionale, Clients Diversité de BDC, ayant récemment lancé Excelles – Fonds et lab pour les femmes, une plateforme d’investissement de 500 millions de dollars pour soutenir la croissance et l’impact économique des entreprises canadiennes dirigées par des femmes.

Michelle Davy, CreditAssur

Michelle Davy, courtière principale, CreditAssur Inc., une société de courtage d’assurance spécialisée en assurance crédit depuis 2006.

Lise Birikundavyi, BKR Capital

Lise Birikundavyi, cofondatrice et associée directrice de BKR Capital, un investisseur en capital-risque dans des entreprises dirigées par des Noirs dans le secteur de la technologie.

Conseils de pros

Beach : L’accès au capital est le principal défi et obstacle pour les entrepreneures. Les recherches montrent que les femmes lancent leur entreprise avec 50 % moins de capital que les hommes et qu’elles hésitent souvent à obtenir un soutien financier d’une banque. Pourquoi en est-il ainsi?

El Saddi : Lorsqu’une entreprise prend de l’expansion, le fonds de roulement est essentiel et, si le fonds de roulement est faible, cela va ralentir la croissance et probablement l’arrêter complètement.

En général, les femmes sont conservatrices en matière de prêts. Elles n’aiment pas vivre avec des dettes. Elles utilisent plutôt leurs propres économies personnelles ou de l’argent emprunté à leur famille ou à leurs amis pour financer leur entreprise avant de venir frapper à la porte d’une banque pour obtenir de l’aide. Souvent, les femmes se manifestent trop tard pour obtenir un soutien financier. 

Comme elles ne tirent pas parti du fonds de roulement, les entrepreneures ont tendance à garder leur entreprise petite. Toutefois, il faut de l’argent pour faire de l’argent. Une fois qu’on leur fournit les connaissances et qu’on leur explique les avantages d’utiliser le crédit pour la croissance de leur entreprise, elles passent à l’action.

Davy : Les entrepreneures ont tendance à être plus réticentes à prendre des risques et à être plus prudentes lorsqu’il s’agit de crédit. Elles savent dans quoi elles s’embarquent et elles veulent connaître tous les détails et analyser leurs options. 

Beach : Le capital-risque et les investissements en actions sont une autre option pour aider à financer la croissance des entreprises. Pouvez-vous nous expliquer comment ils fonctionnent et quels sont leurs avantages et les inconvénients?

Birikundavyi : Ils sont différents des prêts traditionnels. Les investisseurs s’approprient une partie de votre entreprise et deviennent un partenaire qui est là pour vous soutenir. Le montant de financement disponible est considérable, lorsque l’on parle de capital-risque à long terme, et le soutien offert est habituellement très pertinent si l’on recherche une croissance exponentielle à l’échelle locale et internationale. C’est le principal avantage.

Pour ce qui est de l’aspect négatif, un investisseur en capital-risque peut être décrit comme un « parent glorifié » avec ses propres opinions et perspectives sur la façon de gérer votre entreprise. Vous n’êtes plus la seule personne à exploiter votre entreprise. Si vous voulez apporter des changements importants, vous devez en discuter avec lui pour vous aligner, ce qui peut vous donner l’impression de devoir demander la permission.

En résumé, vous devez vous assurer que vos objectifs sont alignés. Chaque investisseur se présente avec l’objectif de se retirer de votre entreprise dans quelques années. En tant que fonds de capital-risque, nous sommes tous là pour rapporter un profit à nos investisseurs. Si vous voulez dominer le monde et faire croître votre entreprise, mais que vous n’offrez aucune porte de sortie à vos investisseurs, vous ne vous donnez pas les meilleures chances de réussir dans cette relation.

Protection contre le non-paiement

Beach : Pourquoi est-il important d’avoir une assurance crédit? 

Davy : Le principal avantage de l’assurance crédit est qu’elle protège vos comptes clients contre le défaut de paiement pour vos biens. De plus, elle peut aussi augmenter le financement de votre banque, car il est rassurant pour celle-ci de savoir que vous êtes protégé contre les paiements en souffrance. Elle vous sert également d’outil de gestion précieux pour aider à plafonner ou à réduire les pertes, parce que si votre assureur vous dit qu’il s’agit d’un risque vraiment important, vous devriez l’écouter pour éviter des pertes.

Beach : Avez-vous des conseils pour trouver le bon courtier d’assurance?

Davy : Un courtier est là pour conseiller le client et trouver des stratégies et des solutions pour divers problèmes, y compris la façon de percevoir les paiements des clients en défaut. Nous comparons également les produits d’assurance pour obtenir la meilleure couverture au meilleur prix. Lorsqu’on cherche un courtier, il ne faut pas hésiter à demander des références d’autres clients. Sont-ils satisfaits? Avec quels assureurs travaillent-ils? Se spécialisent-ils dans le recouvrement des paiements?

Conseils pour l'exportation

Beach : Quels conseils donneriez-vous à une entrepreneure qui cherche à faire croître son entreprise à l’échelle internationale?

El Saddi : Le réseautage est extrêmement important. Ce n’est pas nécessairement ce que vous savez, mais plutôt qui vous connaissez. Connaître les bonnes personnes vous ouvrira des portes et éliminera des obstacles.

Davy : Entourez-vous de bons conseillers et suivez votre instinct; il vous mènera dans la bonne direction.

Birikundavyi : Du point de vue du capital-risque : faites preuve d’audace. Ayez de l’ambition. Ne vous contentez pas d’un million de dollars de revenus alors que votre entreprise pourrait faire 100 millions de dollars. Ce n’est pas parce que vous ne l’avez pas vu ailleurs que vous ne pouvez pas le faire vous-même. Rêvez en grand et lancez-vous!

Ce qu’EDC peut faire :

     

   

                                               

Date de modification : 2023-03-08