Le secteur canadien des technologies de l’information et des communications (TIC) est en expansion; en 2014, il regroupait au total 36 000 entreprises. Selon un rapport d’Industrie Canada, la majorité d’entre elles, soit 32 000, travaillent dans les sous-secteurs des logiciels et des services informatiques. De plus, on compte 31 000 petites entreprises (10 employés ou moins) et environ 120 grandes entreprises (plus de 500 employés), parmi lesquelles se trouvent des filiales de sociétés étrangères. Ces grandes entreprises sont souvent manufacturières.

La particularité des entreprises de TIC est qu’elles peuvent être actives dans d’autres secteurs, comme les soins de santé, les sciences de la vie, l’aéronautique et l’automobile.

Le secteur des TIC se divise en trois grands sous-domaines : la fabrication regroupe des fabricants d’équipement pour ordinateurs et périphériques, de matériel de communication, de composants électroniques, audio et vidéo, et de supports optiques et magnétiques. Le commerce de gros comprend des entreprises spécialisées dans l’édition de logiciels, la conception de systèmes informatiques, le traitement de données, et la réparation et l’entretien d’équipement électronique et de précision. Enfin, les services de communication comptent des opérateurs de télécommunications câblées ou sans fil, des câblodistributeurs et d’autres fournisseurs.

Pour connaître les perspectives de cet important secteur croissant, Exportateurs avertis a rencontré Robert C. Watson, président et chef de la direction de l’Association canadienne de la technologie de l’information (ACTI).

Quelles sont les perspectives du secteur canadien des TIC?

Nous assistons à du jamais-vu dans le secteur canadien des TIC. Tous les secteurs industriels cherchent des stratégies et des innovations numériques : l’énergie, la santé, même les services et l’automobile; c’est qu’ils connaissent une période de profonds changements en raison du virage numérique.

De plus, et particulièrement au Canada, toutes les administrations publiques – fédérale, provinciales, régionales, municipales et des Premières Nations –, cherchent à innover pour propulser leur économie et s’affranchir des industries de ressources. Et à la base de tout programme d’innovation se trouve une stratégie numérique. Le secteur des TIC est très concurrentiel; les entreprises, du développeur de codes sources ou d’applications dans son sous-sol à la grande multinationale, sont motivées à aller de l’avant. Nos sociétés sont des chefs de file mondiaux et nous avons aussi des entreprises étrangères qui investissent ici.

Voilà la particularité du secteur : la modernisation numérique est fondamentale et rendra les entreprises plus conviviales.

Combien d’entreprises canadiennes ont un chiffre d’affaires de 50 millions de dollars et de 150 à 200 employés?

Les statistiques indiquent que 31 000 entreprises comptent moins de 10 employés; nous sommes le royaume des PME! Le Canada est un pays d’entrepreneurs, et c’est très bien. Nous n’aimons cependant pas les risques, même si j’estime que lancer une entreprise, c’est prendre un risque, mettre son gagne-pain en gage – surtout pour les PME. Bon nombre d’entrepreneurs se lancent et connaissent une certaine croissance, mais nous voulons les aider à croître plus facilement. Comment les faire passer de moyenne à grande entreprise et les aider à intégrer la scène mondiale? Elles pourraient très bien valoir 10 millions de dollars et faire des affaires partout dans le monde; encore faut-il leur fournir le tremplin qui les propulsera, et je crois que c’est exactement ce sur quoi travaillent les gouvernements fédéral et provinciaux.

Quels sont les revenus de ces 31 000 entreprises n’ayant pas plus de 10 employés?

Nous n’avons pas ce chiffre, mais entre 2007 et 2014, les revenus générés par le secteur des TIC sont passés de 133,4 à 169,8 milliards de dollars – une augmentation de 27 %. Le secteur emploie plus d’un million de Canadiens, directement ou indirectement. Bref, c’est un secteur important qui croît… mais pas aussi rapidement qu’il le devrait, et c’est ce qu’il faut améliorer.

Quels buts poursuit votre organisation?

En tant qu’organisation nationale, nous occupons une place unique. Nous représentons tous les domaines du secteur, des entrepreneurs qui développent seuls des logiciels et des applications aux grandes entreprises canadiennes et multinationales, mais une grande part de nos membres sont des PME. Et nous avons des clients dans tous les secteurs : la santé, l’automobile, les services… Nous travaillons avec des associations partout au pays pour offrir un service qui respecte les différents modèles provinciaux. Nous sommes là pour soutenir la modernisation du gouvernement.

Quelles sont les caractéristiques d’une entreprise qui réussit dans votre secteur?

Si je le savais, j’en possèderais une! Blague à part, elles doivent être alertes et promptes. Elles n’ont pas besoin d’une grande présence sur place, mais il leur faut réagir rapidement et mettre la main sur les talents nécessaires. Les entreprises canadiennes et étrangères établies ici qui ont un problème avec leur site, par exemple, doivent avoir accès aux meilleurs pour obtenir de l’aide.

Il faut aussi permettre le flot mondial des travailleurs. Les TIC sont une infrastructure – comme les autoroutes et l’aqueduc. Nous construisons une structure pour la numérisation, et des considérations financières s’imposent. Devrait-il y avoir des taux d’appréciation accélérée pour les investissements en capital? De meilleurs crédits pour la recherche et le développement de programmes? Ces mesures pourraient favoriser le secteur, ce qui profiterait à tous. Nous devons également être plus proactifs dans la recherche d’investissements providentiels. Après tout, cette infrastructure en construction est la colonne vertébrale des entreprises du secteur.

Quel rôle joue l’exportation dans le secteur canadien des TIC?

Pour certains aspects, les activités vont bon train, mais il reste du travail à faire à certains égards. Le Canada possède cette base d’entrepreneurs, des développeurs d’applications aux utilisateurs dans les médias, et tout ce beau monde dépend des TIC. Nous avons des centres d’excellence partout au pays (en Colombie-Britannique, à Waterloo, à Toronto, à Ottawa et à Montréal), mais les accords commerciaux que conclut le fédéral sont très importants : ils favorisent les fabricants de matériel informatique, mais aussi le secteur tout entier. Les TIC, ce n’est pas seulement la conception de logiciels; nous produisons des logiciels pour soutenir le matériel.

Quelles transactions profitent le plus aux TIC?

Chaque transaction est bénéfique, mais pourrait l’être encore plus. Nous avons suivi avec intérêt l’Accord économique et commercial global Canada-Union européenne, ainsi que l’ALENA et le Partenariat transpacifique, pour nos membres. Nous travaillerons avec le gouvernement pour nous assurer que les intérêts de notre secteur sont représentés.

Avez-vous des conseils pour les PME du secteur qui voudraient intégrer le marché mondial?

Envisagez sérieusement cette option, mais restez prudents : en s’établissant dans le mauvais pays, on peut gaspiller beaucoup d’efforts sans résultats. Les occasions peuvent sembler alléchantes, mais il faut un deuxième examen, à tête reposée, avant de choisir la bonne pour se lancer. Si vous décidez de vous associer à un partenaire local, choisissez judicieusement. Nous pouvons aussi vous venir en aide, même si votre PME n’est pas membre de l’ACTI. Appelez‑nous : nous vous offrirons soutien et conseils. Ces dernières années, nous avons effectué des missions commerciales, quelques‑unes en Inde et aux Émirats arabes unis, en soutien à nos PME, et nous continuerons à les appuyer. Et tout cela est soutenu par l’État. C’est un très bon programme.

Qu’est-ce que l’avenir réserve au secteur canadien des TIC?

Je pense que les acteurs du secteur ont bon espoir de pouvoir aider le gouvernement et les entreprises au pays à atteindre le prochain stade de développement et sont plutôt enthousiastes à l’idée d’exporter, ce qui me réjouit. Nous pouvons faire mieux en matière d’exportation, mais avec le virage du pays quant à l’innovation et aux stratégies numériques, c’est le moment ou jamais d’unir nos efforts; le secteur n’en sera que plus vivant.