Chaque crise met en évidence un besoin profondément ancré dans l’âme humaine : celui du retour à la normalité. Les crises nous révèlent, sous leur véritable jour, des aspects simples et agréables de la vie – trop souvent tenus pour acquis. Les crises redéfinissent aussi le concept de normalité, et les plus graves marquent durablement les esprits et les comportements. La rapidité et l’impatience qui caractérisent notre société s’accompagnent d’une myopie qui nous fait percevoir la pandémie non pas comme un épisode de l’histoire, mais comme le début d’une nouvelle ère où le sens de la normalité est radicalement et définitivement altéré. Alors, à quoi ressemblera la vie après la pandémie?

Les experts ont beaucoup à dire sur le sujet et une foule d’entre eux ont bâti leur carrière sur des formules-chocs capables de condenser les moments de l’histoire. Naturellement, le résultat de cet exercice peut nous amener loin de la réalité et entraîner la prise de décisions qui nous empêchent – nous et d’autres – de saisir des opportunités. Par exemple, les comportements qui se sont généralisés pendant la Grande Crise ont limité les occasions pour toute une génération.

Nous émergeons peu à peu de la pandémie : les signes en sont évidents un peu partout. Les taux de vaccination sont en hausse, ce qui nous rapproche de l’immunité collective. Face aux éclosions dans le monde émergent, la vaccination s’accélère pour venir en aide aux pays les plus touchés. Par ailleurs, la production augmente la cadence alors que l’activité commerciale redémarre dans les diverses économies du globe. En fait, la montée des prix est sans doute le signe le plus visible d’un retour complet de la production. Si ce retour se concrétise vraiment, certaines fonctions essentielles en porteront les signes.

Le retour au bureau – Nous sommes nombreux à nous demander si nous voulons retourner à cette routine trépidante : soit faire la navette entre la banlieue et les grands immeubles de bureaux en verre et en acier du centre-ville. C’est un fait : les plateformes de réunions virtuelles n’ont plus de secret pour nous, et les sondages nous confirment que beaucoup souhaitent maintenir le télétravail. Ce modèle fonctionne bien parce que le télétravail est obligatoire; toutefois, quand le retour au bureau s’amorcera, fera-t-on une distinction entre les personnes présentes au bureau et celles en télétravail – notamment en ce qui a trait à la prise de décisions, à l’avancement, à l’accès à l’information et à la sélection de projets? Le temps nous le dira. Cela dépendra beaucoup de la dynamique psychologique du travail d’équipe.

Virage accéléré vers le numérique – La crise de la COVID-19 a, sans contredit, poussé les entreprises à prendre le virage numérique. Cette réalité est manifeste dans le secteur du détail puisque les entreprises qui n’ont pas encore pris ce virage sont fermées depuis 14 mois. Certaines entreprises, dont les employés sont réticents à revenir dans les usines, pourront envisager de se doter de nouveaux systèmes automatisés pour atténuer l’impact des pénuries de main-d’œuvre. D’autres pourront recourir à des solutions-machines pour remédier à des pénuries chroniques dans ce domaine. Il y a fort à parier que les compagnies prises au dépourvu par la pandémie et témoins du succès d’autres acteurs mieux adaptés au numérique tenteront d’égaler et même de surpasser le modèle commercial de ces derniers.

De plus en plus d’entreprises semblent miser sur les solutions d’automatisation, de mécanisation, de robotisation et d’intelligence artificielle pour consolider leurs activités de production et se prémunir de risques pouvant perturber leurs chaînes d’approvisionnement. Il est difficile d’imaginer que cette dépendance grandissante envers les machines cessera une fois la pandémie terminée; en effet, ces machines permettent d'atténuer non seulement les effets temporaires de la crise sanitaire, mais aussi des problèmes structurels de plus longue date. 


Des avions, des trains et des automobiles
– À quoi ressembleront nos déplacements dans le monde post-COVID? De l’avis de plusieurs, ils auront changé de façon permanente. Nous avons abordé plus tôt la question du navettage entre le domicile et le bureau. Que dire des autres types de déplacement? Est-ce qu’on utilisera les transports collectifs comme avant la crise? C’est une question complexe, mais voici quelques éléments à considérer à ce sujet. Les propriétaires et exploitants de ces actifs souhaitent un retour en force des usagers et feront de leur mieux pour les convaincre – au moyen de rabais, d’incitatifs et de témoignages rassurant sur la sécurité sanitaire. Les entreprises nous confirment que les interactions en personne sont essentielles pour l’avenir de leurs activités, et souhaitent le retour de ces interactions. De la même manière, le confinement aurait aiguisé notre appétit pour les voyages, et cet appétit pourra être comblé dès que les vols seront jugés sécuritaires. Vu l’état de la demande comprimée, il est logique de penser que nous tenterons, à tout le moins, de revenir aux niveaux d’avant la pandémie – comme ce fut le cas lors de la crise du SRAS.

L’important secteur pétrolier – Les changements majeurs sur les marchés financiers, la réglementation et les actions en justice modifient les perceptions à l’égard du rôle que jouera le secteur des carburants fossiles au moment du retour de la croissance. La consommation d’hydrocarbures a chuté pendant les pires mois de la pandémie, à tel point que certains ont pensé que ce virage était permanent. Or, toute augmentation rapide de la production exigera une hausse équivalente de la consommation d’énergie. Les nouvelles sources d’énergies propres suffiront-elles pour répondre à cette demande ou bien devra-t-on aussi mettre à contribution les sources d’énergie « traditionnelles » pour passer à la nouvelle réalité énergétique? Soyons clairs : les énergies propres sont les énergies de l’avenir; la question qui se pose dans l’immédiat est le temps qu’il faudra pour en faire des énergies dominantes. 

Conclusion?

Cela ne fait aucun doute : le concept de normalité change, mais n’a pas subi de révolution, pas encore du moins. La pandémie nous a appris de précieuses leçons, notamment qu’il est possible de faire les choses différemment. Face à la frustration engendrée par l’intégration de ces nouveaux processus, on devine le désir, dans une certaine mesure, d’un retour à nos anciennes façons de faire – et le plus tôt sera le mieux. La transformation devra donc se faire plus graduellement que prévu.

 

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