Les risques pays sont par nature complexes et peuvent avoir des répercussions majeures sur vos activités d’exportation et vos investissements. Dans le déluge d’informations qui nous inondent chaque jour, il n’est pas facile de distinguer l’important du superflu. Pourtant, c’est le défi que relève l’équipe d’analystes des risques pays d’EDC en évaluant ces risques sur 200 marchés au moyen de divers indicateurs et modèles, et en s’appuyant sur leurs connaissances spécialisées. Voici quelques-uns des éléments que nous surveillerons au cours de la seconde partie de 2019.
Commençons par la bonne nouvelle : durant la première moitié de 2019, sur l’ensemble des marchés émergents, on dénombre pas moins de 18 améliorations de notation et 12 dégradations de notation. Le gros des améliorations se concentre d’abord en Europe, puis au Moyen-Orient et enfin en Afrique. Ainsi, la notation du risque de violence politique s’est améliorée en Roumanie, en Arménie et en Sierra Leone; au Koweït, le tableau des risques de non-transfert, d’expropriation et d’ingérence de l’État est également plus positif. On constate cependant quelques baisses notables de notation : des risques d’expropriation et d’ingérence de l’État au Mexique; du risque de violence politique au Sri Lanka; ainsi que des risques de non-transfert et de non-convertibilité en Zambie.
Notre équipe de spécialistes des risques pays utilise également une gamme définie d’indicateurs pour relever les signes d’une augmentation des vulnérabilités sur les marchés. En tête de la liste des pays touchés, on trouve la Mongolie, Bahreïn, Oman, le Panama, la Turquie, le Sri Lanka, le Liban, la Jamaïque et le Pakistan. Nous suivons notamment de près la conjoncture en Turquie, qui est marquée par le repli de l’économie, la dépréciation rapide de la livre turque (amorcé à la mi-2018), la récente victoire de l’opposition aux élections municipales d’Istanbul et l’abaissement de notation opérée par une agence de notation. Quels sont les principaux éléments dans notre ligne de mire? Le manque de prévisibilité des politiques, les difficultés de la monnaie locale et l’ampleur des créances commerciales expliquent nos préoccupations entourant les risques de non-transfert et l'instabilité du secteur financier sur ce marché.
Au Pakistan, les niveaux élevés de la dette extérieure, les réserves et la dépréciation continue de la monnaie sont les grands points de vulnérabilité. Le pays profite de la signature récente de l’accord arrêté avec l’équipe d’experts au sujet de la mise en place d’un programme du FMI de 6 milliards de dollars américains en vue d’appuyer l’économie chancelante du pays; toutefois, cette aide est assortie de plusieurs conditions, notamment le passage à un taux de change variable, ce qui annonce des réaménagements pénibles pour l’économie et la poursuite de la volatilité.
D’autres marchés n’enregistrent aucun changement de notation, mais les tendances qui se dessinent font qu’ils demeurent sur notre liste des pays à surveiller. C’est le cas de la Libye, où la situation en matière de sécurité reste problématique, alors que le général Khalifa Haftar, commandant général de l’Armée nationale libyenne, tente toujours de contrôler la totalité du territoire. Au Cameroun, le conflit latent découlant des affrontements entre la majorité francophone et la minorité anglophone demeure un sujet sensible pouvant exacerber le risque de violence politique. En Éthiopie, un coup d’État manqué atteste de la montée du nationalisme ethnique au pays.
Mettons maintenant le cap sur l’Amérique latine et les Antilles. La crise des liquidités qui sévit depuis plusieurs années à Cuba s’est aggravée en raison des sanctions américaines. L’économie de la Barbade, quant à elle, prend du mieux à la faveur de la mise en place d’un programme du FMI et d’attentes d’un déficit budgétaire qui se résorbe après des années de bouleversements économiques et des pénuries de devises.
En Europe, les risques restent prédominants en Italie du fait des constantes tensions au sein du gouvernement de coalition, et ce, au moment où les prévisions font état d’une augmentation du déficit général du gouvernement et de la dette publique. Par ailleurs, nous continuerons de surveiller l’évolution du dossier du Brexit, et la débâcle qu’il provoque, à l’approche de la nouvelle date butoir du 31 octobre – une situation qui rend encore plus probable le scénario d’un Brexit sans accord.
Au Moyen-Orient, les tensions entre les États-Unis et l’Iran persistent, alors que les combats s’intensifient à la frontière entre le Yémen et l’Arabie. Enfin, en Syrie, le conflit se poursuit et la perspective d’une fin des hostilités dans la région paraît encore lointaine…
Conclusion?
Grâce à une bonne connaissance des risques pays, vous pouvez prendre des décisions plus éclairées pour ce qui est du meilleur moment de faire des affaires et des marchés à privilégier. Et nous pouvons vous aider à y voir plus clair. Pour accéder à plus d’information et suivre l’évolution des marchés, nous vous invitons à consulter notre édition régulièrement mise à jour de l’Analyse trimestrielle des risques pays.
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