Voici des exemples de situation pouvant influencer les activités sur les marchés émergents.

Changements dans la législation ou la réglementation : La réglementation devient progressivement un risque commercial majeur, les gouvernements des marchés émergents tentant désormais de mieux contrôler leur économie. Les changements peuvent occasionner des coûts élevés liés à la conformité pour les exportateurs canadiens, et des sanctions sévères en cas de manquements. Parfois, ces changements provoquent une chute des profits et compliquent l’essor sur ce marché. Dans les pires cas, ils obligent les exportateurs à abandonner le marché et à accepter la perte des actifs qui s’y trouvaient.

Exemple concret : En 2014, un changement de gouvernement au Mexique a fait bondir les taxes et les redevances des sociétés minières étrangères. Même si les entreprises canadiennes se sont adaptées à la situation, leurs résultats en ont pâti.

Restrictions sur les opérations de change : Aussi appelées risque de non-transfert et risque de non-convertibilité, ces restrictions peuvent empêcher les clients de payer un exportateur canadien. Même quand celui-ci reçoit son dû, il pourrait être incapable de rapatrier ses profits au Canada.

Exemple concret : En décembre 2013, la banque centrale d’Ukraine, après avoir constaté l’aggravation de la crise économique qui secouait le pays, a resserré ses contrôles sur les comptes de capital. L’État a alors obligé toutes les entreprises, y compris les sociétés étrangères, à convertir en monnaie locale 50 % de leurs recettes en devises et imposé un moratoire sur le remboursement anticipé des dettes bancaires.

Expropriation : De nos jours, les gouvernements procèdent rarement à l’expropriation pure et simple des actifs d’une société étrangère. Ils optent généralement pour une « expropriation larvée », c’est-à-dire qu’ils imposent des mesures fiscales et législatives visant à réduire le contrôle de l’exportateur sur ses actifs dans le pays.

Exemple concret : Une filiale de la société australienne Churchill Mining a découvert d’importants gisements de charbon en Indonésie. Par la suite, le gouvernement indonésien a pris une série de mesures qui se sont soldées par l’expropriation des droits auparavant détenus par Churchill Mining sur la mine de charbon située dans le Kutai oriental. La société y a perdu plus d’un milliard de dollars américains. La décision d’expropriation a été annulée en 2014, mais beaucoup de dommages avaient déjà été faits.

Violence politique : Ce risque englobe les troubles publics, le terrorisme, les révolutions et les autres bouleversements semblables. Ces événements peuvent empêcher le client de recevoir les biens d’une entreprise ou de la payer, ou encore entraîner la destruction des actifs détenus par celle-ci sur le marché.

Exemple concret : En 2014, les guérilleros ont intensifié leurs attentats ciblant l’infrastructure énergétique de la Colombie afin de renforcer leur position dans les pourparlers de paix avec l’État. L’Association pétrolière colombienne a rapporté qu’en date de juillet 2014, ces attentats avaient coûté 460 millions de dollars américains à l’industrie, touchant de nombreux investisseurs étrangers.

Regard sur l’avenir

Quand on examine les risques définis par les exportateurs dans la dernière décennie, on constate qu’ils changent rarement. Les interruptions d’activité, les ralentissements économiques et les perturbations des chaînes d’approvisionnement restent au cœur des préoccupations d’année en année. Cependant, la gravité perçue des risques les uns par rapport aux autres – et, du coup, leur degré de priorité aux yeux des exportateurs – varie au fil de la transformation des marchés. Par exemple, il y a une dizaine d’années, le risque politique ne représentait pas le même danger qu’aujourd’hui.

La façon dont l’importance relative de ces risques évoluera dans les prochaines années est difficile à prévoir.

« Comme nous vivons dans une société où les changements s’opèrent plus rapidement que jamais, explique Ian Tobman d’EDC, spécialiste des risques pays, il serait étrange que ce rythme ne fasse pas son entrée dans l’arène des risques. Ainsi, supposons que vous me demandiez si les risques liés aux marchés émergents évoluent aussi rapidement que les marchés eux-mêmes : je pourrais vous répondre que ça dépend du marché et de son degré d’interconnexion à l’économie mondiale. Cependant, je dirais généralement que les marchés émergents qui cultivent beaucoup de relations internationales se transforment plus rapidement que les autres. »

Les analystes des risques notent bien quelques tendances particulières qui influenceront probablement l’évolution des risques liés aux marchés émergents au cours des prochaines années.

Voici quatre éléments de risque qui pourraient prendre de l’ampleur avec la poursuite des changements et la multiplication des relations entre les marchés mondiaux :

Responsabilité sociale des entreprises : Les sociétés étrangères font face à une demande de plus en plus insistante d’adopter des principes de responsabilité sociale des entreprises (RSE) sur les marchés émergents. Sur place, le risque lié à la RSE peut se traduire par l’exigence d’obtenir ce qu’on appelle souvent un « permis social d’exploitation », c’est-à-dire l’appui de la communauté concernée à l’égard du projet entrepris. L’absence de cet appui peut accroître de beaucoup le niveau de risque du projet, voire entraîner son échec.

Vu la vitesse à laquelle se transforment les pays émergents, la portée du risque lié à la RSE s’élargit. Celui-ci peut maintenant toucher presque n’importe quel grand projet d’infrastructure, des mines aux pipelines et aux aéroports.

Défaut de paiement quasi souverain : Un autre risque lié aux marchés émergents, mais peu connu des exportateurs canadiens, est le défaut de paiement quasi souverain. Le défaut de paiement souverain découle du non-respect des obligations financières par un gouvernement; le défaut de paiement quasi souverain, lui, résulte du non-respect de ces obligations par des entités fonctionnant comme des sociétés d’État. Ces organisations sont souvent très grandes, comme la mexicaine PEMEX, la brésilienne Petrobras ou n’importe laquelle des immenses sociétés chinoises soutenues par l’État.

Généralement, on s’attend à ce que les gouvernements aident leurs sociétés en difficulté financière à éviter un défaut de paiement. Cependant, si un gouvernement refuse de le faire durant une crise et qu’une société est incapable d’acquitter son dû, les conséquences pourraient être désastreuses pour toute entreprise faisant affaire avec elle. Prenons par exemple les nombreuses sociétés pétrolières et gazières du Canada qui sont partenaires ou fournisseurs de PEMEX. Si le gouvernement mexicain laissait celle-ci manquer à ses obligations, plusieurs de ces sociétés se retrouveraient dans une situation difficile, surtout vu l’état fragile du secteur canadien du pétrole et du gaz naturel.

Perturbation de la chaîne d’approvisionnement : Imaginons une entreprise canadienne qui fabrique des systèmes sans fil de pointe à Ottawa, puis qui les expédie à de grands clients de l’Union européenne. L’entreprise reçoit certains composants d’un fournisseur mexicain, qui obtient les sous-composants requis d’usines thaïlandaises. Or, des inondations dévastatrices entraînent la fermeture de ces usines pendant des mois et le fournisseur mexicain ne peut pas obtenir les sous-composants, ni donc fournir les composants à l’entreprise canadienne. Par conséquent, celle-ci ne peut pas remplir ses commandes destinées à l’Union européenne. Elle se retrouve alors avec plusieurs ruptures de contrat.

Cet événement s’est réellement produit en 2011, quand d’importantes usines thaïlandaises fabriquant des composants de disques durs ont été inondées. Cette situation a entraîné des pénuries mondiales de disques durs durant l’année suivante, ainsi que des hausses de prix fulgurantes.

Marché chinois : Il ne faut pas oublier la Chine. Le gouvernement essaie de soutenir la croissance du pays au moyen de catalyseurs monétaires et budgétaires, ce qui exacerbe cependant les risques dans le secteur financier. Si une crise économique majeure survenait en Chine, les conséquences sur l’économie et les exportations du Canada seraient considérables. La crise affecterait même les exportateurs qui ne feraient pas directement affaire sur le marché chinois. Par ricochet, cela ferait chuter les exportations vers les pays qui vendent à la Chine des marchandises produites à partir de biens canadiens, ces pays se heurtant eux aussi à un rétrécissement du marché chinois.

Qu’est-ce que le risque pays et comment EDC l’évalue-t-il?

« De façon générale, le risque pays correspond à tout ce qui pourrait survenir sur un marché particulier et vous empêcher d’exécuter un contrat ou d’être payé après coup », explique Andrea Gardella, économiste et analyste en commerce à EDC.

EDC mesure la gravité du risque pays, lequel est divisé en deux grandes catégories.

« Tout d’abord, poursuit Mme Gardella, nous avons le risque commercial, à court terme ou à moyen et à long termes. Le risque à court terme est évalué en fonction de la croissance économique du marché, de la volatilité du taux de change, des probabilités de défaut de paiement et des antécédents de paiement de nos clients qui y exercent des activités. Du côté des risques à moyen et à long termes, on observe diverses tendances, comme les changements réglementaires, les restrictions sur le transfert d’argent vers le Canada et les risques de violence politique. »

Vient ensuite le risque souverain, soit le risque de faire affaire avec le gouvernement d’un pays. Un exemple récent est celui de la Grèce, dont le gouvernement avait cessé de remplir ses obligations financières, ce qui a mis en péril la santé économique du pays tout entier.

Malheureusement, les petites entreprises n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour analyser et gérer adéquatement le risque pays. Elles commettent souvent l’erreur de se lancer sur un marché en plein essor sans bien en comprendre les risques. Il est très facile de se laisser emporter par l’enthousiasme initial et de sous-estimer les risques de défaut de paiement ou d’interruption de contrat, en particulier sur un marché dont on ne connaît pas bien la dynamique.

C’est ici qu’EDC entre en jeu. Si vous avez besoin de renseignements sur les marchés pour vous aider à évaluer le risque pays, visitez notre page Info-pays. Vous y trouverez des données à jour sur les milieux d’affaires locaux, les secteurs importants et les représentants locaux d’EDC, le tout accompagné de communiqués, d’analyses et de prévisions économiques.

Pour obtenir de l’information plus poussée, consultez l’Analyse trimestrielle des risques pays d’EDC, qui donne des renseignements sur plus d’une centaine de pays, y compris la notation des risques économiques et politiques.

Gérer les risques dans un monde instable

« Ce qu’il faut comprendre, affirme M. Tobman, c’est que le monde se transforme plus rapidement. Les risques liés aux marchés émergents semblent s’accroître au fur et à mesure que les changements s’accélèrent et que les relations entre les pays se multiplient. Les exportateurs sont donc aux prises avec une imprévisibilité croissante sur ces marchés. Les fluctuations seront dorénavant plus courantes que par le passé, particulièrement sur les marchés émergents. »

Cependant, M. Tobman ajoute que « les exportateurs ne doivent pas pour autant se tenir loin de ces marchés. Vous pouvez évoluer au sein de ce type de turbulence et de volatilité – avec de la préparation. Apprenez-en le plus possible sur le marché visé et surveillez-le de près. Tenez-vous aussi au fait des événements mondiaux et de leurs répercussions. Effectuez une planification d’urgence pour des événements tels qu’un changement de politique, une perturbation de la chaîne d’approvisionnement, une volatilité des changes et autres. Surtout, n’oubliez jamais ceci : pendant que le monde continue de changer, une foule de pays deviendront plus pertinents que jamais pour votre entreprise. »

Pour en savoir plus sur la réduction des risques liés aux marchés émergents, consultez nos solutions d’assurance risques politiques et de garantie de change.