L'innovation à l'oeuvre

Les bonnes idées constituent la base de l’innovation, mais ce n’est là que la moitié de l’équation. On peut avoir les meilleures idées du monde après des mois de remue-méninges, mais l’innovation ne surgit qu’une fois qu’on a fait quelque chose pour les matérialiser.

« Le plus souvent, une innovation résulte de l’accumulation de plusieurs choses : une bonne idée, validée par un solide processus d’évaluation, mise en œuvre de façon innovatrice et commercialisée grâce à un leadership éclairé. »

Mike Myatt  —  président N2Growth

La Coalition des manufacturiers du Canada, une association qui réunit plus de 50 groupes industriels pousse le processus d’innovation un peu plus loin : « Innover, c’est transformer une idée en produits ou services. L’innovation apporte des bénéfices commerciaux et sociaux » note la Coalition dans un rapport qu’elle a publié sur l’innovation et la croissance au Canada.

Si nous voyons souvent l’innovation comme la plus récente et la plus merveilleuse des technologies « de rupture », ce n’est pas toujours le cas. L’innovation peut prendre plusieurs formes, mais elle entraîne toujours une amélioration ou une nouvelle façon de faire.

Une étude de marché d’EDC révèle qu’en 2017, 11 % des entreprises canadiennes attribuent à l’innovation l’augmentation de leurs ventes à l’étranger.

Une étude de marché d’EDC révèle qu’en 2017, 11 % des entreprises canadiennes attribuent à l’innovation l’augmentation de leurs ventes à l’étranger.

Voici d’ailleurs quelques études de cas qui nous permettent de voir l’innovation à l’oeuvre.

2.1 Étude de Cas : DIRTT, le « perturbateur »

Une chaîne de montage automatisée montre l'innovation au travail

La compagnie DIRTT (Doing It Right This Time), de Calgary, est fière d’être considérée comme une « perturbatrice » dans l’industrie de la construction d’intérieurs de bureaux. En réalité, la compagnie est née de la conviction voulant que les méthodes classiques de construction peuvent être améliorées, car cette industrie n’a pas adopté les changements technologiques, n’est pas durable, manque d’uniformité d’une juridiction à l’autre et est confrontée à de sérieux défis tant pour ce qui concerne les coûts que les échéances de livraison.

Si vous avez déjà réalisé un projet de construction ou de rénovation, je parie qu’il y a eu des retards, que les coûts ont été supérieurs aux prévisions et que la qualité n’était pas à la hauteur de vos attentes.

Mogens Smed  —  cofondateurDIRTT

La compagnie a donc développé sa propre technologie, ICE, qui permet de régler les problèmes habituels qui se manifestent dans les projets de construction. Le logiciel permet la conception et la tarification et intègre simultanément toutes ces données aux processus de fabrication, ce qui permet de réduire considérablement la marge d’erreur.

Toutes les étapes du processus de construction conventionnel exigent des interventions humaines et la possibilité d’erreurs est bien présente. Avec sa solution complète, ICE règle ces problèmes.

Scott Jenkins -- President, DIRTT

Le résultat final : une solution sur mesure, des coûts prévisibles et la capacité d’apporter des changements plus tard.

« Nous transformons réellement une industrie, celle de la construction, qui avait besoin qu’on la bouscule un peu. Mais la perturbation représente un défi parce qu’elle fait peur. Nous tentons de changer les choses, et le défi a été plus difficile à relever que ce que nous avions prévu. »

Mais le succès a été au rendez-vous : en 13 ans, l’entreprise est devenue une multinationale qui compte plus de 1 100 employés et dont les revenus atteignent 293 millions de dollars.

Voici quelques commentaires dans le deuxième livre sur les réseaux internationaux.

Smed dit que si les communications électroniques ont facilité le développement des relations, rien ne vaut les rencontres en personne.

« On ne peut exporter avec succès en communiquant uniquement à distance; vous devez être présent sur le terrain et passer du temps dans les marchés ciblés », poursuit-il. « Il est facile de communiquer par voie électronique aujourd’hui, mais il n’y a rien de plus efficace que de communiquer en personne, partager un repas et prendre le temps de développer une relation. »

Le partenariat est crucial

Pour la compagnie DIRTT, de Calgary, le fait de développer des partenariats solides pour sa chaîne d’approvisionnement a été un facteur essentiel au succès de l’entreprise sur les marchés étrangers.

« Sur le plan logistique, il vous faut de bons partenaires. Nous livrons la plus grande partie de nos produits par camion et certains incidents se sont produits en raison des conditions climatiques. Lorsqu’il se produit certains événements, nous devons retourner en production pour remplacer les produits et nous sommes en mesure de le faire en 10 jours et livrer dans les délais prévus à l’origine », explique Mogens Smed, cofondateur de DIRTT. « Tout peut arriver lors de la livraison et vous devez donc avoir une relation extrêmement solide avec vos partenaires responsables de la livraison et du transport. »

2.2 Étude de Cas: Genuwine se trouve un marché de niche mondial

L'intérieur d'une cave à vin ronde est un concept sur la façon de penser de manière créative

D’une conversation anodine peut parfois surgir une grande idée qui amènera son auteur à développer un produit de niche qui trouvera sa place sur les marchés mondiaux. C’est ce qu’a accompli Robb Denomme, chef de la direction de Genuwine, de Winnipeg.

La compagnie a été créée en 1995 dans la foulée d’une discussion que l’associé de Denomme, Lance Kingma, a eue avec un journaliste chroniqueur en vins.

En blague, le journaliste a dit qu’il recevait tellement de bouteilles de vin qu’il lui faudrait un cellier à la maison. Lance lui a dit qu’il pouvait lui en fournir un sans problème.

Robb Denomme  —  CEOGenuwine

Fait amusant, Denomme n’avait alors que 17 ans et n’avait aucune expérience ni de la construction, ni des affaires. Mais il avait une vision de ce que pouvait être son entreprise (la meilleure au monde…) et la conviction qu’il pouvait réussir. Vingt-trois ans plus tard et après avoir vendu des centaines de celliers sur cinq continents, force est de constater que sa vision s’est matérialisée.

Si la compagnie a réussi à avoir un presque monopole dès ses premières années d’existence, elle doit aujourd’hui faire face à plusieurs concurrents qui veulent percer ce marché fort lucratif, mais elle a su profiter d’un peu de chance.

« Nos concurrents construisent des celliers, mais nous avons l’avantage de réaliser des projets que les autres ne peuvent réaliser, et nous le faisons toujours avec le sourire », souligne Denomme. « Nous sommes rendus à un niveau supérieur. Quelle que soit la difficulté, si vous pouvez l’imaginer, nous pouvons le réaliser. Rien n’est impossible. »

2.3 Étude de Cas: ecobee, la voix de l’innovation

L’entrepreneur torontois Stuart Lombard n’avait pas prévu créer un produit qui allait révolutionner les marchés. S’il voulait simplement réduire sa propre empreinte écologique, il a finalement créé le thermostat intelligent ecobee, aujourd’hui utilisé dans des milliers de foyers en Amérique du Nord.

Le chauffage et la climatisation comptent pour 50 % à 70 % des coûts énergétiques d’une maison et Lombard, concepteur de logiciels, a eu l’idée de réduire ces coûts pour son propre domicile en programmant ses thermostats, une tâche qu’il a qualifiée de « très frustrante et très complexe, parce que les thermostats étaient aussi stupides qu’une poignée de porte ».

En 2007, lorsqu’il est arrivé à la maison un jour et que la température intérieure était de 10°C, il a eu une « révélation » : « Si je pouvais rendre ces thermostats plus intelligents, les brancher à internet, les rendre plus faciles à utiliser, quel serait mon gain d’efficacité ? », s’est demandé le chef de la direction d’ecobee.

En 2009, la compagnie a donc lancé le tout premier thermostat Wi-Fi et le produit a tout de suite fait fureur. Les consommateurs ont aimé le design élégant et la facilité d’utilisation de l’appareil, et apprécié le fait qu’ils pouvaient contrôler à distance la température de leur domicile à partir de leur appareil mobile. Et surtout, ils ont apprécié les économies de coût que permettait cette innovation.

En moyenne, nos clients économisent environ 23 % sur leurs coûts de chauffage et de climatisation

Lombard  —  président et chef direction d’ecobee

Bien sûr, des concurrents se sont rapidement manifestés, et particulièrement Google avec Google Nest. Cela a forcé la compagnie à innover.

«  À nos débuts, nous étions seuls sur le marché et les consommateurs aimaient notre produit », explique Lombard. « Nous nous sentions comme si nous étions des vedettes de la Ligue nationale de hockey, mais lorsque Google Nest est arrivé, nous avons compris que nous étions simplement des champions d’une ligue de garage. »

ecobee s’est alors concentrée sur la R-D dans le but d’améliorer l’expérience du client. « Nous avons compris que, pour gagner dans ce marché, nous devions offrir aux consommateurs la meilleure expérience client qui soit », ajoute Lombard.

La compagnie a donc complètement remodelé son produit, y a ajouté de nouvelles fonctionnalités et, à la fin de 2014, a lancé le modèle ecobee 3.

« Cela nous a littéralement propulsé à un niveau supérieur », poursuit Lombard.

La compagnie a également commencé à vendre ses produits directement aux consommateurs. Des détaillants comme Best Buy, Home Depot, Lowes et Walmart ont commencé à vendre le produit, tout comme Amazon.

« Je pense que nous avons bien fait face à Google Nest », conclut-il. « La concurrence nous rend meilleurs et c’est le consommateur qui y gagne. »

2.4 Étude de Cas : Nouvelle orientation pour la gamme de produits Blackline

Quelques personnes dans une salle de réunion discutant d'idées novatrices.

Présente sur les marchés mondiaux, Blackline Safety, de Calgary, a bien appris sa leçon : la demande des consommateurs et l’innovation nous forcent parfois à créer de tout nouveaux produits.

Fondée en 2004, Blackline GPS a d’abord développé des produits de géolocalisation de sécurité pour l’industrie automobile. Mais en 2007, la compagnie a réorienté ses activités lorsqu’elle a vu la possibilité d’utiliser sa technologie pour percer dans un tout nouveau marché : la surveillance de sécurité.

Au fil des ans, nous avons augmenté notre offre de produits, puis avons identifié les secteurs où nous connaissions le plus de succès; nous avons alors concentré nos activités dans l’industrie de la sécurité et abandonné les secteurs de l’automobile et du repérage

Brendon Cook  —  directeur des technologies Blackline Safety

Aujourd’hui, Blackline Safety développe et fabrique des produits de classe mondiale pour la surveillance des travailleurs isolés, utilisant une technologie qui mise sur les communications, la géolocalisation et la détection automatique des incidents avec des déclencheurs manuels.

2.5 Quelques malentendus à propos de l’innovation de rupture

Au milieu des années 1990, Clayton M. Christensen a développé le concept d’innovation de rupture. Plus de 20 ans plus tard, le terme inventé par le professeur de la Harvard Business School est l’un des termes du secteur des affaires les plus recherchés sur l’internet. Mais Christensen se plaint que sa théorie est souvent mal comprise et utilisée à tort et à travers.

Dans un article qu’il a publié en 2015, Christensen soutient que « l’innovation de rupture s’appuie sur un processus par lequel une petite compagnie avec des ressources limitées réussit à concurrencer des entreprises de plus grande taille. »

Ainsi, ce que nous considérons comme une innovation de rupture est souvent, pour Christensen, une innovation incrémentale. Ce dernier concept s’applique à une compagnie qui cherche constamment à améliorer un produit existant afin de répondre aux besoins changeants des clients. Pour illustrer ce concept, il donne l’exemple de la « cinquième lame du rasoir » ou de « l’image plus claire du téléviseur. »

« La plupart des clients », explique Christensen, « considèrent l’innovation de rupture comme ayant une valeur moindre. De façon générale, ils ne sont pas prêts à adopter un nouveau produit simplement parce qu’il est moins cher.Ils préfèrent attendre un nouveau produit qui sera de meilleure qualité. » 8

2.6 Les grandes inventions canadiennes

Cette conviction que tout est possible a été bien présente au cours de notre histoire. Voilà pourquoi le Canada est reconnu comme « le pays des innovateurs », une réputation acquise grâce à des inventions bien canadiennes qui figurent parmi les grandes innovations à l’échelle mondiale.

Parmi les principales innovations canadiennes :

  • Le canot d’écorce de bouleau
  • La raquette
  • Le Pablum
  • La motoneige
  • L’insuline
  • Le téléphone
  • Le langage de programmation Java
  • Le téléphone BlackBerry
  • Le basketball
  • Le fauteuil roulant électrique
  • Le sac à poubelle
  • Le rouleau à peinture
  • Le beurre d’arachides
  • Le soutien-gorge Wonder Bra

 

2.7 Ingénieux : Comment les innovateurs canadiens rendent le monde plus intelligent, plus branché, plus gentil, plus sûr, plus sain et plus heureux

Dans le cadre du 150e anniversaire du Canada, l’ex-gouverneur général du Canada David Johnston et le président du Conseil national de recherches Canada Tom Jenkins ont publié un livre regroupant des grandes inventions canadiennes adoptées partout dans le monde et qui ont contribué à faire de notre planète un monde meilleur.

Deux Canadiens ont inventé l’ampoule électrique : l’électricien médical Henry Woodward et son collègue Matthew Evans ont en effet fait une demande de brevet en ce sens en 1874. Cinq ans plus tard, après avoir échoué à commercialiser leur invention, ils en ont vendu les droits à Thomas Edison, qui a visiblement eu plus de succès pour faire connaître et adopter cette invention.

L’histoire est peu connue, mais tout aussi intéressante : pour créer son célèbre personnage de James Bond, l’auteur Ian Fleming se serait inspiré de Sir William Stephenson, un espion originaire de Winnipeg qui, durant la Deuxième Guerre mondiale, portait le nom de code Intrepid et qui était connu pour avoir un penchant pour les martinis… « Shaken, not stirred » (secoué, mais non remué).

2.8 Savoir Faire : Innover au travail

  • Les idées sont au cœur de l’innovation, mais elles doivent être réalisées pour changer nos vies
  • Les petites entreprises peuvent prendre la relève des entreprises établies qui, en grossissant, se concentrent sur le segment supérieur de la chaîne de valeur et abandonnent le segment inférieur.
Date de modification : 2019-02-04