Posez-lui la question, et le citoyen moyen vous dira qu’il y a une recrudescence des risques sur les marchés mondiaux. Et ce ne sont vraisemblablement pas les chefs d’entreprise qui vont les contredire. Depuis toujours un sujet d’inquiétude, les risques sont désormais franchement préoccupants. Les dix années de croissance de l’économie, après la grande récession, auraient dû en principe diminuer le niveau des risques sur la scène internationale. Pourtant, c’est le contraire qui s’est produit. Les risques apparaissent de manière imprévue et provoquent le chaos. Les dirigeants sont élus pour mettre en œuvre des plateformes qui, au bout du compte, finissent par aggraver ces risques. Comment l’expliquer?

Les principaux risques pesant sur le commerce international sont bien connus : le Brexit, la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine, le rejet et la renégociation d’accords commerciaux de premier plan, les menaces à l’existence même des mécanismes de l’Organisation mondiale du commerce et les barrières non tarifaires plus insidieuses qui sont érigées dans un contexte marqué par la montée du protectionnisme. À cela s’ajoutent la tendance du protectionnisme à mener à l’escalade, la décision des États-Unis de cesser de défendre et de financer des institutions internationales, la menace de conflits armés et les réelles actions de guerre, de même que la volatilité sur les marchés financiers. Tous ces éléments donnent l’impression désagréable que le système est en danger. Que nous révèle alors une analyse plus poussée de la conjoncture? Quelles sont les principales causes à l’origine de ces risques?

Les réponses proposées sont multiples et les explications bien connues : le mécontentement généralisé serait né d’une répartition des ressources favorisant une poignée de privilégiés; la nouvelle concentration des entreprises à l’échelle mondiale, qui n’aurait pas été tolérée il y a à peine une ou deux générations; l’explosion des médias sociaux qui offre à chacun la possibilité de diffuser des messages aux quatre coins du globe, ce qui était auparavant inimaginable; d’autres formes de communication permettant de rallier instantanément un nombre considérable de personnes autour de questions litigieuses et controversées; l’essor du numérique et le déplacement technique des travailleurs; les effets pervers de la dynamique de la croissance dans les économies abritant une population vieillissante; l’instabilité entourant les scrutins, les électeurs alternant entre idéologies de droite et de gauche; la polarisation de l’électorat; et la liste continue.

Pourrait-on envisager que ces thèmes, débattus au quotidien, renvoient à des causes profondes à l’origine du mécontentement populaire? Une remarque pertinente et importante doit être faite au sujet du populisme : il est le plus souvent omniprésent. Alors que le mécontentement s’exprime d’habitude dans quelques régions, la plupart des pays du globe doivent aujourd’hui composer avec une version ou une autre de ce mal inopportun. Ce constat m’amène à supposer qu’il y a une seule et même cause; en tant qu'économiste, la première qui me vient l’esprit est une croissance mondiale insuffisante. Cette situation a alimenté la perception que la mondialisation a accentué chaque phase du cycle commercial, et que le présent cycle – caractérisé par une phase d’activité léthargique avant la reprise – est celui auquel nous sous sommes le moins préparés. On connaît la suite : des millions de travailleurs potentiels se sont retrouvés sur la touche et sont venus grossir les rangs des mécontents, à un point tel que la perturbation s’est généralisée.

La deuxième cause profonde de ce malaise est la distorsion engendrée par la mise en place d’une nouvelle politique monétaire ultra accommodante – et les premières tentatives pour y mettre fin. Les principales économies, surtout celles du monde émergent, ont subi les contrecoups de la volatilité des marchés financiers, et il y a fort à parier que les effets commencent à peine à se manifester. Le durcissement de la politique d’assouplissement quantitatif et le resserrement des taux d’intérêt se poursuivront pendant un bon moment avant que la situation ne se « normalise ».

La troisième cause est une marge de manœuvre insuffisante sur le plan budgétaire pour remédier à cette période prolongée de croissance poussive. L’arsenal des mesures de relance budgétaire a été déployé tout de suite après la récession, ce qui a laissé à la plupart des gouvernements des pays développés et émergents peu de ressources pour se prémunir des répercussions de pareilles conditions économiques.

Vu l’ampleur, la portée et la durée de la situation, il semble évident que nous disposons d’un choix limité de solutions rapides. Chose certaine, les risques actuels ne se dissiperont pas. Voilà pourquoi les Services économiques d’EDC continuent d’anticiper, de surveiller et d’analyser les risques économiques et politiques sur les marchés mondiaux. La nouvelle livraison de l’Analyse trimestrielle des risques pays, qui vient de paraître, présente notre analyse des risques ciblant plus de 200 pays ainsi que les enjeux de l’heure qui préoccupent les exportateurs canadiens. EDC met cette ressource à leur disposition, tout comme ses solutions de financement et d’assurance, afin de les aider à atténuer le plus possible les risques présents sur les marchés mondiaux.

Conclusion?

Le tableau de risques a l’echelle mondiale n’est pas pres de changer. Nous pouvons trouver une consolation dans le fait que chaque exportateur du globe est confronté à la même réalité. Voilà pourquoi se doter de stratégies gagnantes d’atténuation des risques est un incontournable pour toute entreprise désireuse de réussir à l’international.

 

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