Si vous avez des activités commerciales à l’étranger, la bonne gestion des risques est une partie essentielle de votre stratégie de croissance. Et si votre entreprise n’est pas directement présente à l’extérieur du Canada, le monde hyperconnecté d’aujourd’hui, avec ses chaînes d’approvisionnement et de valeur qui couvrent plusieurs pays fait en sorte que des événements qui surviennent à l’autre bout du monde peuvent avoir un effet réel sur votre entreprise. Pour demeurer concurrentielles, les entreprises canadiennes de tout type et de toute taille doivent intégrer la gestion des risques à leur plan d’affaires.
Et elles doivent être dirigées par des gens capables de saisir et gérer les risques.
« Le monde est irrémédiablement connecté, a affirmé le Dr Parag Khanna, fondateur et partenaire gestionnaire de la firme de conseils stratégiques mondiale FutureMap lors du Fortune Global Forum à Toronto, le 16 octobre. Nous devons être attentifs à notre façon d’interagir avec les régimes autoritaires. [Mais] nous devons saluer le fait que des pays comme la Chine et la Russie recherchent la stabilité et mettent l’accent sur l’amélioration de leur économie. »
Selon le Dr Khanna, la capacité des dirigeants d’entreprise à saisir les complexités politiques et économiques est essentielle pour demeurer concurrentiel dans l’économie mondialisée. »
Croître grâce à la gestion du risque
Savoir gérer le risque peut être payant : en comprenant les risques politiques qui vous menacent et en élaborant un plan pour les gérer, vous pouvez positionner votre entreprise pour qu’elle connaisse du succès.
Le risque politique et le nouveau rôle des leaders d’affaires
Lors du Fortune Global Forum in Toronto, deux ateliers examinaient la gestion du risque comme élément d’une bonne stratégie internationale. Savoir prévoir et composer avec le risque dans une économie mondiale hyperconnectée peut aider une entreprise à créer une culture de la résilience[LB(C1] . Mais le rôle des dirigeants d’entreprise est de plus en plus complexe et politique, explique Ursula Burns, présidente et chef de la direction de VEON, un géant des télécommunications installé à Amsterdam. Auparavant, les dirigeants d’entreprise ne se préoccupaient que des chiffres et des statistiques de l’entreprise, mais aujourd’hui, leur responsabilité va bien au-delà, a expliqué Mme Burns, ex-cadre chez Xerox, aux dirigeants d’entreprise réunis au Forum. Ils doivent avoir une opinion et l’exprimer, alors qu’auparavant, ils se faisaient une fierté de n’avoir aucune opinion. »
Une enquête d’EDC menée l’année dernière auprès des exportateurs canadiens a révélé que l’influence des dirigeants était l’élément principal du succès des entreprises à l’extérieur du Canada.
- 79 % des entreprises sondées qui connaissent du succès à l’étranger disent que leurs dirigeants sont très efficaces pour ce qui est de vendre à l’extérieur du Canada.
- 73 % des compagnies disent que leurs dirigeants sont déterminés à assurer la croissance internationale de l’entreprise.
- 75 % des entreprises disent que leurs dirigeants sont prêts à prendre des risques pour assurer la croissance de l’entreprise
L’effet des risques politiques sur vos résultats financiers
Parmi les principaux risques à l’échelle mondiale qui menacent les entreprises canadiennes figurent les tendances géopolitiques, qui peuvent avoir un effet direct sur vos revenus ou sur votre capacité à faire des affaires dans certains marchés ou certaines régions.
Par exemple, si le Royaume-Uni ne peut conclure une entente avec l’Union européenne dans le cadre du Brexit avant l’échéance de mars 2019, les biens qui entreront alors en Europe en provenance de Grande-Bretagne pourraient être soumis à des tarifs, et les entreprises canadiennes présentes en Grande-Bretagne pourraient alors voir leurs coûts financiers et bureaucratiques augmenter. Pour certaines entreprises canadiennes, cela pourrait exclure certains pays utilisés comme intermédiaires pour percer le marché européen.
De la même façon, la montée du protectionnisme économique et de l’isolement politique à l’échelle mondiale peut avoir des conséquences pour l’économie canadienne, qui compte de plus en plus sur l’accès aux marchés internationaux pour assurer le succès des entreprises d’ici.
Comprendre les risques associés à la chaîne d’approvisionnement peut vous aider à prospérer
Aujourd’hui, alors que les chaînes d’approvisionnement et de valeur touchent plusieurs pays, tout conflit ou interruption à un maillon de la chaîne a des effets sur l’ensemble de celle-ci.
De plus, les chaînes d’approvisionnement sont de plus en plus technologiquement connectées, ce qui pose des risques de cyberattaque aux maillons plus faibles de la chaîne, avec l’effet d’entraînement que cela suppose.
La hausse des taux d’intérêt a également des effets sur les marchés émergents surendettés. Par exemple, les monnaies turque, argentine et sud-africaine ont toutes connu des baisses importantes depuis le début de 2018. Cela a des effets sur le pouvoir d’achat des clients des compagnies canadiennes présentes dans ces marchés.
Premières étapes pour créer un plan de gestion du risque
Le risque est inévitable. Mais en planifiant et s’y préparant adéquatement, votre compagnie sera plus agile, plus innovatrice et plus prospère.
La première chose à faire consiste à identifier les risques politiques susceptibles de menacer votre entreprise. Évaluez les risques géopolitiques globaux comme la montée récente du protectionnisme dans plusieurs pays. Mais évaluez également les risques inhérents au pays dans lequel vous prévoyez être présent, car ces risques auront un impact plus important sur les opérations des petites et moyennes entreprises. Ces risques comprennent les modifications légales ou réglementaires, les restrictions sur le mouvement ou la conversion des monnaies, l’expropriation et la violence politique.
Vous pouvez mieux connaître les risques associés à certains pays en consultant des outils comme l’Analyse trimestrielle des risques pays d’EDC.
Après avoir identifié les principaux risques qui menacent votre entreprise, vous pourrez commencer à développer votre plan de gestion des risques, et notamment établir un ordre de priorités des risques et désigner les responsables qui verront à les contrer.
Un aspect important de la gestion des risques politiques est la diversification, particulièrement à la lumière des récentes préoccupations en matière de commerce tant à l’échelle internationale que de l’Amérique du Nord.
Pour contrer certains risques, vous devrez peut-être avoir recours à de nouveaux outils financiers comme l’assurance crédit ou l’assurance contre les risques politiques, ou encore l’élaboration d’une politique de change, qui comprend la garantie de facilité de change d’EDC pour gérer le risque de fluctuation des monnaies.
Il n’est pas nécessaire d’être un expert en géopolitique pour élaborer un plan de gestion des risques politiques pour votre entreprise. Le guide La gestion du risque d’EDC constitue un excellent point de départ. Vous pouvez également solliciter l’aide de professionnels comme le courtier de votre compagnie d’assurance ou d’autres spécialistes de la finance.
Les entreprises d’envergure mondiale ont besoin d’une « autorisation d’opérer ».
L’un des principaux risques qui menacent les entreprises aujourd’hui touche à leur réputation, a souligné Andrew Liveris, ex-président et chef de la direction de Dow Chemical, lors du Fortune Global Forum à Toronto.
« Les entreprises ont ce qu’on pourrait appeler une “autorisation d’opérer”, explique Liveris. Le tribunal de l’opinion publique est instantané. C’est tout l’écosystème qui a changé. Les privilégiés de la société sont maintenant considérés comme suspects. Les entreprises doivent avoir une personnalité qui affirme qu’elles se préoccupent du bien-être de tous. »
Andrew Liveris a fait ces commentaires lors d’un atelier intitulé Le leadership des chefs d’entreprise à une époque marquée par les perturbations. Les panélistes étaient unanimes à affirmer que les leaders d’affaires d’aujourd’hui doivent à la fois avoir un bon sens politique et être conscients de la perception du public.
« Les mécanismes qui permettent aux dirigeants d'entreprise de commenter les événements de même que le fait que tous s'attendent à ce que ces derniers aient une opinion sur ces événements, voilà ce qui a fondamentalement changé, a affirme le panéliste Steve Mollenkopf, chef de la direction de la firme américaine de télécommunications Qualcomm. Être un chef d’entreprise aujourd’hui, c’est un peu comme se présenter aux élections il y a 20 ans. Notre travail est important non seulement pour les É.-U., mais aussi pour la Chine; dès lors nous sommes des personnalités publiques et nous devons avoir une opinion. »