Pourquoi est-il important de recruter du personnel qualifié pour assurer votre avantage concurrentiel à l’échelle mondiale?

Les entreprises canadiennes qui vendent à l’étranger sont plus rentables, leur croissance est plus durable et elles ont une plus grande longévité.

Si on les compare aux entreprises qui se confinent au marché canadien, les sociétés d’exportation génèrent en moyenne 121 % plus de revenus, se développent plus vite, durent plus longtemps et sont plus productives et innovantes.

Les entreprises qui veulent affronter la concurrence internationale ont besoin des bonnes personnes pour planifier et exécuter leurs plans de croissance. Or, le Canada est frappé par une pénurie de talents. Nous nous intéresserons aux raisons de cette rareté et vous offrirons des solutions pratiques pour vous aider à mettre en œuvre un programme de gestion du talent qui s’inscrit dans votre stratégie de croissance mondiale.

Argent flottant entre deux personnes: le talent qualifié est un élément de l'avantage concurrentiel mondial.

1.1 Pour les entreprises canadiennes, le personnel est un avantage concurrentiel

En 2017, EDC a interrogé les dirigeants de plus de 600 entreprises faisant affaire hors du Canada. Nous souhaitions savoir sur quoi repose la réussite d’une organisation qui vend à l’étranger. Le constat est sans appel,

Le premier défi non financier pour toute entreprise qui veut maintenir ou faire fructifier ses activités hors du Canada est l’acquisition de talent.

Stephanie Butt Thibodeau  —  vice-présidente principale, Ressources humainesEDC

L’accès à du personnel qualifié est l’un des avantages concurrentiels les plus décisifs :

Les entreprises canadiennes qui comptent « assez d’employés qualifiés » sont dynamiques à l’étranger dans 86 % des cas. Elles exportent dans au moins six pays. Parmi les entreprises canadiennes actives à l’étranger, 73 % déclarent que leur haute direction a fait de la croissance internationale une priorité. Selon 22 % des dirigeants, les employés « bien formés et hautement qualifiés » sont un atout essentiel pour maintenir la compétitivité sur les marchés hors du Canada.

1.2 Le Canada est frappé par une pénurie de talents

En janvier 2018, Statistique Canada a annoncé le plus faible taux de chômage (5,7 %) depuis que l’organisme a commencé à surveiller les taux d’emploi il y a 40 ans. Entre juillet et novembre 2017, 44 000 postes vacants supplémentaires ont été recensés. Un rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante publié en mars faisait état d’une pénurie de main-d’œuvre, indiquant que « 399 000 emplois sont restés vacants pendant au moins quatre mois, parce que les employeurs n’ont pas trouvé de candidats qui leur convenaient1 ». Ce chiffre équivaut à une hausse du taux de postes vacants de 0,6 point par rapport au taux de décembre 2016 pour atteindre 3 %, soit le plus haut taux observé depuis la récession de 2008.

Statistiques sur les postes vacants 2017
août septembre octobre novembre décembre
Nombre de postes vacants (x 1,000)5 276.9 291.7 307.5 306.2 298.8
Nombre de chômeurs (x 1,000)6 1,292.7 1,261.1 1,195.9 1,101.6 1,080.8
Ratio chômeurs-postes vacants 7 4.7 4.3 3.9 3.6 3.6

 

Le Canada n’est pas le seul à subir cette pénurie de talents. Tous les pays du Groupe des Sept (G7) sont aux prises avec un taux de chômage record, après des années de politiques de relance de l’emploi. En mars 2018, les dirigeants du G7 se sont réunis à Montréal pour parvenir à un consensus sur la façon de résoudre la crise des talents actuelle et future qui pèse sur la planète.

1.3 Le manque de personnel qualifié freine la croissance internationale

EDC a constaté dans ses propres études que les entreprises subissent les effets de la pénurie de talents. Les dirigeants d’entreprises canadiennes voient dans la rareté de travailleurs qualifiés une entrave à la croissance et à la concurrence internationales.

  • Près de la moitié (45 %) des entreprises déclarent qu’un manque d’accès au talent représente un défi de taille pour faire fructifier leurs activités à l’extérieur du Canada. Il s’agit du premier obstacle non financier à la croissance, selon les dirigeants canadiens interrogés.
  • Près d’un quart (24 %) des répondants estiment que le manque de ressources ou de personnel compétent est l’une des principales difficultés pour maintenir ou étendre leurs activités à l’étranger.

Les entreprises canadiennes peinent à recruter

Dans un sondage mené en 2017 auprès de 4 000 professionnels canadiens, dont 2 700 gestionnaires, le cabinet de recrutement Hays Canada a observé que les entreprises de tous les secteurs ont du mal à recruter les employés nécessaires à leur croissance :

  • Les employeurs interrogés sont 87 % à déclarer que la pénurie de talents a eu des effets négatifs sur leurs activités.
  • Parmi les répondants, 82 % se sentent sous pression en raison d’un manque de compétences ou de personnel qualifié au sein de leur organisation.
  • Plus des trois quarts des cadres hiérarchiques (78 %) ont de la difficulté à recruter.
  • Les directeurs d’embauche considèrent à 58 % que le Canada est frappé par une pénurie.2

1.4 Trois causes de la pénurie de talents au Canada

1.4.1 Démographie : une population vieillissante va de pair avec une main-d’œuvre réduite et plus jeune

Le Canada, comme beaucoup de pays développés, compte maintenant moins de personnes en âge de travailler que de personnes à charge. Cela signifie que les enfants et les retraités sont plus nombreux que les travailleurs. Les baby-boomers partent à la retraite par vagues, si bien que, d’après le Conference Board du Canada, lorsque 15 travailleurs canadiens partent à la retraite, il n’y a que 10 personnes pour les remplacer.3

La main-d’œuvre est aussi moins expérimentée. En 2014, le nombre de jeunes travailleurs a dépassé celui des professionnels en milieu ou en fin de carrière. La génération Y, qui rassemble les personnes nées entre 1980 et 2000, représente désormais environ 40 % de la main-d’œuvre canadienne. Elle est officiellement plus nombreuse que la génération X et celle du baby-boom respectivement. Comme le bassin de professionnels en milieu de carrière est mathématiquement réduit, la réserve de travailleurs qui occuperont un jour des postes de hauts dirigeants s’amenuise elle aussi.

1.4.2 Milieu de travail numérique : les travailleurs n’ont pas les compétences demandées par les entreprises

La pénurie de talents n’est pas seulement liée à un manque de candidats : au Canada, elle résulte en grande partie de l’inadéquation des compétences. Les rapides progrès dans le domaine du numérique ont d’abord rendu indispensables les travailleurs dotés de compétences hautement spécialisées dans les technologies de l’information (TI). Mais ces avancées demandent aussi des dirigeants et des employés transfonctionnels sachant tirer parti des technologies pour s’adapter rapidement, communiquer, repérer les occasions et résoudre les problèmes complexes de manière collaborative.

Les technologies ont radicalement changé les méthodes de travail dans tous les secteurs. Elles s’intègrent désormais à la quasi-totalité des tâches. Cela a créé une demande de professionnels de TI hautement qualifiés capables de concevoir des outils inédits de plus en plus sophistiqués. Les employeurs sont également à la recherche de travailleurs spécialisés pour gérer ces technologies et atténuer les risques qui en découlent.

Mais tous les employés, quel que soit leur poste, doivent être en mesure d’utiliser les technologies de leur milieu de travail judicieusement pour communiquer, travailler à plusieurs et innover en continu. L’intelligence artificielle automatisant de plus en plus de tâches professionnelles routinières, les frontières entre les fonctions traditionnelles se sont brouillées. Les employeurs doivent pouvoir s’appuyer sur des travailleurs qui réalisent des tâches et projets plus complexes, prennent des décisions et interagissent efficacement, et restent en phase avec des technologies et un environnement de travail en perpétuelle évolution. Les entreprises numériques reposent sur des employés et des dirigeants visionnaires en mesure de définir et de communiquer la marche à suivre, de régler les problèmes, de gérer les risques, de s’adapter rapidement au changement et de suivre le rythme soutenu du marché mondial.

Voici certains exemples des bouleversements introduits par la numérisation des milieux de travail :

  • Les TI ont changé la façon dont les gens conçoivent et vendent les produits et les services.
  • Notre dépendance aux données et à Internet pour faire des affaires a accru les risques en matière de TI. Les employés doivent utiliser les technologies de façon adéquate et sécuritaire et assurer leur bon fonctionnement pour faciliter les opérations stratégiques de leur entreprise.
  • La numérisation accélère les communications, ce qui alimente le besoin d’innover en continu. Pour rester concurrentielles, les entreprises doivent passer de l’idée à la mise en marché de manière presque instantanée. Les travailleurs doivent quant à eux être créatifs, flexibles et mobiles.
  • La numérisation a supprimé la structure hiérarchique traditionnelle des milieux de travail. Les employés sont plus autonomes et veulent davantage participer aux décisions, notamment concernant leurs méthodes de travail.
  • La formation continue est devenue une nécessité professionnelle. Les employeurs ont du mal à recruter des diplômés qui peuvent moduler leurs compétences au fil de l’évolution constante des exigences de leur poste.
  • Tandis que de plus en plus de tâches routinières s’automatisent, les employeurs ont besoin de travailleurs possédant des compétences fondamentales (littératie, numératie et résolution de problèmes) qui feront d’eux des gestionnaires de projets et de personnes polyvalents.

1.4.3 Main-d’œuvre mondiale : le Canada se dispute désormais les talents avec des entreprises de toute la planète

Les entreprises canadiennes sont désormais en concurrence avec le reste du monde pour recruter des talents, quel que soit l’endroit où elles vendent leurs biens et leurs services. Tout d’abord, les technologies ont ouvert le champ des possibilités du télétravail, qui peut se faire n’importe où grâce à Internet. La main-d’œuvre est aussi devenue plus mobile. Les accords de libre-échange comme l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), l’accord commercial entre le Canada et l’Europe ou le dernier partenariat avec les pays du pourtour du Pacifique encouragent davantage de travailleurs à traverser les frontières. On estime que 8 % d’entre eux cherchent un emploi en dehors de leur pays d’origine.

Le recrutement s’internationalise

L’acquisition de talent efficace ne tient maintenant plus compte des frontières. Les entreprises concurrentielles n’hésitent pas à aller chercher les meilleurs candidats à l’autre bout du monde. Pendant plusieurs décennies, le Canada a fait office de terre d’accueil des travailleurs expérimentés. Mais désormais, les entreprises canadiennes assistent elles aussi à l’exode des compétences, les Canadiens qualifiés regardant au-delà des frontières pour obtenir les meilleures conditions possibles. Les entreprises qui travaillent encore uniquement sur le marché intérieur peuvent être ébranlées par le départ de leurs employés les plus compétents vers une entreprise américaine, européenne ou asiatique. Nombre de professionnels n’ont d’ailleurs même pas besoin de quitter le pays pour accomplir leur travail.

Heureusement, les entreprises canadiennes ont aussi accès au reste de la main-d’œuvre mondiale, et peuvent puiser dans un vivier sans précédent de travailleurs qualifiés. Les entreprises futées tirent avantage de l’externalisation des emplois spécialisés vers d’autres pays quand elles ne parviennent pas à recruter des talents sur place. De nombreuses entreprises internationales concurrentielles investissent à l’étranger pour y établir de nouveaux bureaux et exploiter au mieux les bassins de talents sur place.

La course mondiale aux talents

  • D’ici 2020, l’Europe devra pourvoir environ 825 000 postes dans le domaine des technologies de l’information et des télécommunications (TIC), tandis que les États-Unis offriront plus de 1,4 million d’emplois spécialisés dans l’informatique4
  • La génération Y, qui domine maintenant la main-d’oeuvre mondiale, compte 35 % de travailleurs n’ayant aucunes connaissances professionnelles en informatique5
  • Parmi les employeurs de toute la planète, 38 % peinent à pourvoir des postes6

Pendant ce temps, les économies émergentes tirent profit des technologies pour renforcer leur compétitivité sur le marché mondial. Ces pays très peuplés s’efforcent de retenir leurs talents locaux. En Chine, par exemple, seulement 1 % des postes en TIC sont actuellement vacants .7

RÉSUMÉ : Le défi de recruter et de retenir les meilleurs talents

Une main-d'œuvre talentueuse et engagée est essentielle à la création d'une entreprise capable de soutenir la concurrence sur les marchés étrangers. Cependant, cela reste un défi car le Canada est actuellement confronté à une pénurie de talents pour les raisons suivantes :

  • Un nombre élevé de baby-boomers qui quittent le marché du travail
  • Un décalage entre la demande de compétences numériques et la disponibilité de travailleurs compétents
  • La mobilité des travailleurs, qui oblige le Canada à se battre pour le talent contre des entreprises du monde entier
Date de modification : 2019-01-23