Nous sommes déjà à ce moment de l’année. Le 15 juin, Exportation et développement Canada a publié les résultats du sondage de mi-année de son indice de confiance commerciale (ICC). Depuis plus de deux décennies, nous menons deux fois l’an un sondage auprès de 1 000 entreprises canadiennes afin de mesurer leur confiance à l’égard des conditions du marché et des débouchés. Le sondage a pour but de prendre le pouls des exportateurs, et notamment la manière dont ils perçoivent les défis et les occasions à venir. À ce titre, il fournit à EDC, à ses clients et à ses partenaires une information actuelle d’une grande utilité.

Que nous apprend notre plus récente édition? Tout d’abord une bonne nouvelle : après trois chutes consécutives, le résultat global de l’indice s’est redressé par rapport au piètre résultat de la fin de 2022, soit une progression de près de cinq points depuis notre dernier sondage. La confiance s’améliore dans toutes les régions. Les gains les plus substantiels sont au Canada Atlantique, puis au Québec, dans la région de l’Ouest et enfin en Ontario. Par ailleurs, ce sont les petites et les grandes entreprises où l’amélioration de la confiance est la plus notable; le raffermissement de la confiance est plus modéré chez les moyennes entreprises.

Même si les exportateurs canadiens sont moins pessimistes que lors de notre sondage de l’automne, le cœur n’est pas pour autant à la fête. En effet, notre indice composite demeure en deçà du niveau d’il y a un an et bien inférieur à la moyenne à long terme de 72,9. Le rebond de la confiance semble être attribuable à la résilience de l’économie mondiale, qui a réussi à traverser un hiver qui s’annonçant difficile. Cela a été possible grâce à coordination des mesures prises par les gouvernements, à des températures hivernales d’une douceur inhabituelle et à une congestion moins importante des chaînes d’approvisionnement.

Cette année, la performance de l’économie mondiale sera sans doute supérieure aux projections, mais la croissance attendue sera parmi les moins dynamiques de l’histoire récente.

Les perceptions liées aux conditions économiques, au pays et à l’étranger, ont affiché les améliorations les plus marquées. Par contre, on constate uniquement une légère augmentation des attentes vis-à-vis des ventes sur le marché canadien, des ventes à l’exportation et des occasions commerciales à l’international. Au moment où les taux d’intérêt ramènent l’inflation plus près de la cible, les exportateurs canadiens semblent plus optimistes que l’automne dernier à l’égard de l’évolution de la conjoncture économique et manifestent un optimisme prudent face à leurs futures ventes, au pays et à l'étranger. 

 


En ce qui a trait à la confiance en fonction des divers secteurs, l’amélioration la plus importante par rapport au dernier sondage a eu lieu dans l’infrastructure et l’environnement, sans doute en raison des initiatives d’énergie verte mises de l’avant par de nombreux gouvernements des pays développés. Ce secteur était suivi de l’industrie légère et de la filière des TIC.

La confiance a glissé dans un seul secteur : celui des industries extractives. Il s’agissait d’une deuxième contraction de suite, qui s’explique sans doute par une instabilité géopolitique moins forte, ce qui a aidé à stabiliser les marchés mondiaux de l’énergie et à faire redescendre les cours de leurs pics de l’été dernier. Comme on l’a indiqué dans nos Prévisions à l'exportation publiées le 1er juin, les perspectives pour les industries extractives se sont quelque peu assombries après deux ans d’une dynamique favorable des cours.

Malgré le regain d’optimisme, les entreprises déclarent devoir encore faire face à des défis de taille :

  • près du tiers des répondants continuent de devoir surmonter des obstacles pour mettre en œuvre leurs stratégies d’exportation et d’investissement à l’international;
  • plus de la moitié des entreprises interrogées affirment que leur production est toujours impactée par les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement;
  • l’inflation nuit aux activités de près des trois quarts des répondants, et la moitié s’attend à ce que les tensions sur les coûts persistent pendant plus d’un an.

L’augmentation soutenue et vigoureuse des taux d’intérêt, la volatilité ainsi engendrée sur les marchés des capitaux et la récente instabilité du secteur bancaire sont autant de rappels de la fragilité des perspectives. Les inquiétudes des acteurs du marché incitent les prêteurs à faire preuve d’une prudence encore plus grande, ce qui exerce des tensions, tout particulièrement sur les PME.

D’après le solde d’opinion, les répondants s’attendent de plus en plus à un maintien du resserrement des conditions financières. À ce propos, l’Enquête auprès des responsables de crédit réalisée par la Banque du Canada a rappelé que les conditions de prêt sont déjà à leur niveau le plus serré depuis le début de la pandémie.

Par ailleurs, les chiffres de l’emploi au Canada sont au beau fixe, et l’accès à la main-d’œuvre qualifiée continue d’être problématique pour les exportateurs. Une majorité convaincante de répondants nous disent avoir de la difficulté à trouver la main-d’œuvre qualifiée dont ils ont besoin, et subir des pressions croissantes pour bonifier encore plus les salaires. Fait digne de mention, le recrutement d’une main-d’oeuvre qualifiée est cité comme l’un des cinq plus grands défis par les répondants dans chacun des sondages menés depuis 2021.

Conclusion

L’amélioration de la confiance chez les exportateurs est une excellente nouvelle. Toutefois, malgré la hausse de l’indice pour notre sondage de mi-année par rapport à décembre 2022, la confiance reste inférieure aux niveaux historiques. Parallèlement, on a de bonnes raisons de s'attendre à une certaine morosité économique jusqu’à la fin de l’année et en 2024. L’effet retardé des hausses de taux d’intérêt et les conditions de crédit plus serrées ralentiront les moteurs de la croissance au cours des prochains trimestres, ce qui mettra la confiance des exportateurs encore plus à l’épreuve.  

Nos sincères remerciements à Prerna Sharma, économiste principale au Service de recherche et d’analyse d’EDC, pour sa contribution à la présente édition.

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