Souffrant de problèmes de peau depuis longtemps, il était naturel pour Joy Yap de lancer Wyld Skincare, son entreprise de cosmétiques bio.

Il y a deux ans, le solide bagage de Joy Yap en marketing et son intérêt marqué pour les produits de beauté écolo et les ingrédients naturels l’ont poussée à transformer sa passion en une entreprise Web désormais florissante. À ce jour, elle a vendu près de 500 000 éponges de konjac imbibées d’argile rose ou de charbon pour exfolier en douceur tout type de peau.

L’entrepreneure et exportatrice torontoise a récemment accepté de nous accorder quelques minutes de son horaire chargé pour parler de son train-train quotidien et des joies et défis associés au fait d’avoir sa propre petite entreprise.

Portrait : le quotidien d’une exportatrice

En cette ère numérique, beaucoup se jettent sur leur téléphone dès le réveil. Moi, le matin, j’ai un rituel : thé, méditation, petit-déjeuner sain, et ensuite seulement je consulte mes courriels. Mes journées sont chargées, donc j’essaie de les commencer du bon pied. Je ne suis pas particulièrement lève-tôt, et j’ai appris à l’accepter sans me sentir coupable.

J’habite à tout juste 15 minutes de vélo ou de tramway du bureau. Je m’y rends habituellement vers midi, et je travaille jusqu’à 19 h ou 20 h, puis je continue environ une autre heure après le souper, à la maison. J’ai souvent des rencontres un peu partout en ville. Avec un horaire aussi chargé, je dois réserver du temps pour moi pour tenir la cadence. Je fais du yoga une ou deux fois par semaine, mais outre cette activité, c’est mon entreprise qui me fait vibrer.

Durant la journée, je m’attaque à diverses priorités : courriels et questions de mes grossistes et clients, suivi auprès des fournisseurs, problèmes d’approvisionnement. Je supervise aussi les publications du blogue et celles sur les médias sociaux, et je parle chaque jour à mes formulateurs, chimistes, fabricants et pigistes d’un peu partout dans le monde sur Slack.

J’ai beau travailler très fort, je crois à l’importance de prendre du temps pour soi. C’est crucial. J’ai passé deux mois à Bali, en Indonésie, dernièrement. Si la vie était une usine, vous en seriez la plus importante machine. Sans moi, pas d’entreprise. Je dois donc absolument viser l’efficacité pour dégager le temps qu’il me faut pour moi.

Des éponges et des sels de bain de Wyld Skincare sur le rebord d’une baignoire

Trucs pour se lancer et bâtir sa marque

Entourez-vous de personnes inspirantes. Avant de vous lancer dans l’entrepreneuriat, entourez-vous bien, comme un réseau d’entreprises en démarrage ou un pôle de rencontres. Quand j’ai démarré mon entreprise en août 2016, j’ignorais bien des choses, mais j’ai dressé une liste mentale et suivi des ateliers gratuits en design, en marketing numérique et en gestion des médias sociaux, et j’ai pris le plus d’initiatives possible.

« Je voulais apposer ma griffe sur un produit qui véhicule mes valeurs écolos, produit peu de déchets et n’utilise aucun plastique à usage unique.»

Joy Yap  —  chef de la direction, Wyld Skincare

Embauchez des pigistes fiables. Mon entreprise croît si vite que ça m’effraie, parfois. Embaucher les mauvaises personnes, c’est se mettre des bâtons dans les roues. Dans l’industrie des cosmétiques, le moindre moment d’absence peut faire tomber une entreprise dans l’oubli. Il faut absolument garder les pieds sur terre et être au faîte des tendances. Je cherche des coéquipiers créatifs dotés d’une éthique professionnelle irréprochable. J’engage des pigistes ou des contractuels en vue de bâtir une équipe élite disséminée un peu partout dans le monde pour m’aider avec le marketing, l’exploitation et les ventes.

La peur est l’obstacle no 1 des entrepreneurs. C’est instinctif : les gens ont peur d’être jugés, d’échouer ou de ne pas être à la hauteur. C’est normal de ressentir ces choses et d’avoir des doutes. Mon conseil : débarrassez-vous de ces idées parasites et limites que vous vous êtes fixées vous-même si vous voulez concrétiser vos projets. Comme l’a dit Franklin D. Roosevelt : « La seule chose qu’il faut craindre, c’est la peur elle-même ».

Approchez les clients potentiels. Je compte sur le bouche-à-oreille, les influenceurs et les médias sociaux pour trouver mes clients. La marque a ainsi pu croître naturellement sans que j’aie à payer pour de la publicité.

Laissez-vous inspirer. Je travaille à partir d’un espace commun à aire ouverte appelé Project Spaces, à Toronto. Ses 300 membres représentent 200 entreprises. J’adore l’ambiance qui y règne; j’ai d’ailleurs établi de nouvelles relations. Je côtoie 30 à 40 personnes au jour le jour, et tout le monde est animé d’une énergie contagieuse. C’est un milieu de collaboration extraordinaire. Si j’ai une question relative à mon entreprise, il y a de bonnes chances qu’un de mes voisins de bureau ait une réponse.

Souvenez-vous de la première étincelle. Je suis née à Kuala Lumpur, en Malaisie. J’ai quitté la maison à 19 ans pour aller étudier en Australie, puis j’ai travaillé à Singapour avant d’aboutir à Montréal dans le cadre d’un échange étudiant en marketing à l’Université Concordia. Ça a été le coup de foudre, et j’ai immigré au Canada après mes études. J’ai travaillé 10 ans en marketing pour plusieurs entreprises de haute technologie comme BlackBerry et Sony, puis j’ai senti que j’étais mûre pour lancer ma propre entreprise et me consacrer à mes passions. J’ai beaucoup réfléchi, puis en soupesant mes options, j’ai choisi de me concentrer sur mon intérêt marqué pour l’industrie des cosmétiques naturels et bio.

J’ai passé d’innombrables heures en ligne à me renseigner sur les ingrédients naturels et à visiter des boutiques spécialisées. Armée de ma formation universitaire et de mon expérience professionnelle, j’arpentais le Web pour étudier les bonnes campagnes de marketing et les emballages de produits de beauté écolos. Je savais que si j’orchestrais une bonne campagne, je pouvais lancer mon entreprise avec un seul produit.

Je souffre depuis toujours d’un trouble héréditaire rare caractérisé par une grave sécheresse cutanée : l’ichtyose. J’ai essayé toutes les solutions possibles pour apaiser ma peau quand j’étais jeune, et j’ai lu tout ce que j’ai pu trouver sur le fonctionnement de la peau.

Cette maladie est sans pitié. Elle n’est plus très grave dans mon cas, mais je me souviens de toutes les moqueries qu’elle m’a values durant mon enfance. J’ai essayé tous les produits de dermabrasion et les exfoliants qui me sont tombés sous la main pour que ma peau ait l’air aussi normale que possible.

Mes parents étaient tous deux des entrepreneurs. Ils avaient une chaîne de clubs vidéo et un bar karaoké et géraient une manufacture florissante. Ils n’ont jamais eu d’emploi du type « 9 à 5 », mais ils voulaient que leurs enfants suivent un parcours plus traditionnel : décrocher un diplôme, trouver un emploi et grimper dans la hiérarchie.

Il faut aimer ce qu’on fait quand on est entrepreneur, parce qu’on doit investir des centaines de milliers d’heures pour tirer son épingle du jeu.

Joy Yap, assise sur le porche d’une maison entourée d’arbres et de pierres.

Donnez un sens à votre marque.

Passionnée de plongée, j’ai embrassé la cause de la protection de l’environnement quand j’ai constaté l’état déplorable des océans.

Je donne une partie de mes ventes à la Sea Shepherd Conservation Society, un organisme à but non lucratif d’envergure internationale œuvrant à la protection de la faune marine.

Bientôt, le plastique risque de remplacer la vie marine. J’adore l’océan, source de vie sur Terre et pour l’humanité, et je veux que mon entreprise contribue à l’assainir.

Ma devise

Je crois que tout le monde a quelque chose d’unique, un don à offrir au monde et à la planète. On devrait vouer notre vie à trouver ce don et à faire ce qu’on peut pour le bien commun. C’est dans cet esprit que j’ai créé Wyld, acronyme signifiant « What You Love Doing » (« ce que vous aimez faire »). Les adeptes de la marque n’ont pas peur d’être eux-mêmes, de trouver leur voie et de se vouer tout entiers à leurs passions. J’espère inspirer les gens à vivre pleinement la vie qu’ils méritent véritablement.