Après un été de canicule, la fraîcheur de l’automne sera accueillie avec soulagement par bon nombre de Canadiens. D’habitude, devant l’arrivée des jours de plus en plus courts du mois d’août, on aimerait que les mois chauds se prolongent. Cela pourrait se produire, mais pas là où on le souhaite... En effet, le « mercure de l’inflation » a grimpé cet été, et aucun répit n’est en vue à l’approche de l’automne. Alors, cet automne, doit-on s’attendre à une inflation plus modérée ou à une inflation toujours élevée?

De façon générale, les analystes ont bien accueilli les chiffres publiés la semaine dernière de l’Indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis, ce qui prépare la voie pour les marchés boursiers à une autre remontée vers des sommets inédits. Fait singulier, on se sent ici rassuré de passer de « prix très élevés » à « simplement élevés ». En juillet, les gains annualisés se sont fixé 5,8 %, alors qu’ils étaient de 11,4 % en juin, avec une moyenne annualisée sur trois mois en hausse de 9,7 %. La progression d’une année sur l’autre s’établit à 5,3 % : elle dépasse donc largement la fourchette supérieure de l’inflation du Conseil de la Réserve fédérale, et les marchés sont réconfortés par le fait qu’elle n’est pas allée au-delà. Même si les gains mensuels, exprimés en rythme annuel, se situaient dans une fourchette acceptable pour la Fed jusqu’à la fin de l’année, l’inflation annuelle serait tout de même de 5,1 % en décembre. 

Le prix des voitures d’occasion a augmenté de 30 % de mars à juin, puis de 2,7 % en juillet. Bonne nouvelle, me direz-vous, mais la hausse de juillet s’ajoute aux immenses gains réalisés plus tôt. Ce qui serait vraiment réconfortant, ce serait le plongeon vers les prix plus raisonnables d’avant la flambée de l’inflation.

Les critiques s’empresseront d’ajouter que l’inflation de base – celle qui exclut les catégories énergie et alimentation – dispose d’un meilleur « système de refroidissement ». Sans doute, mais la différence est mince. Aux États-Unis, l’IPC de base a bondi de 4 % en juillet, soit bien en deçà des gains de 11 % du mois de juin, mais toujours sensiblement au-dessus d’un niveau acceptable, ce qui s’ajoute aux gains substantiels réalisés à ce jour. En utilisant des taux mensuels plus modérés, on obtient toujours, en glissement annuel, une croissance de 4,4 % d’ici la fin de l’année. Pourtant, si le regain de la croissance se poursuit à une cadence soutenue, la vive réponse vis-à-vis des prix persistera. 

Les données de juillet révèlent un autre message encourageant : le très net ralentissement de l’inflation dans les secteurs ayant été le théâtre d’une inflation incontrôlée ces derniers mois. Par exemple, le prix des voitures d’occasion a augmenté de 30 % de mars à juin, puis de 2,7 % en juillet. Bonne nouvelle, me direz-vous, mais la hausse de juillet s’ajoute aux immenses gains réalisés plus tôt. Ce qui serait vraiment réconfortant, ce serait le plongeon vers les prix plus raisonnables d’avant la flambée de l’inflation. Parallèlement, le prix des voitures neuves s’envole : en moyenne annualisée, la hausse se fixe à 23 % d’avril à juillet, et il n’y a aucun signe de ralentissement à l’horizon – ce qui n’a rien de rassurant. La pénurie touchant les intrants essentiels et les contraintes pesant sur le transport maritime mondial permettent de croire que le dynamisme des prix constaté dans le secteur automobile n’est pas près de se refroidir. 


Un autre facteur est jugé préoccupant : les salaires. Les très bons chiffres de l’emploi, sur les marchés américain comme canadien, ont pour effet de faire grimper les salaires. La situation n’exige pas encore de tirer la sonnette d'alarme, mais elle souligne le besoin pressant de ramener la main-d’œuvre sur le marché à un moment où les travailleurs spécialisés se font rares. 

Si cette situation est maîtrisée, tous les anxieux trouveront plus facilement le sommeil. Dans le cas contraire, il pourrait être plus difficile de contenir une inflation généralisée. Pourquoi? Parce qu’en ce moment, nous devons composer avec une inflation alimentée par une demande trop forte alors même que l’offre est en mode rattrapage. C’était attendu : après tout, on disposait de suffisamment de capacités avant la pandémie, et le PIB revient globalement aux niveaux d’avant cette crise planétaire. 

La donne pourrait changer si les salaires contribuent à leur tour à l’inflation. On observerait alors l’une des principales formes de « l’inflation par les coûts », qui est plus difficile à enrayer. Elle se manifeste quand une montée des prix entraîne la demande de salaires plus élevés – une demande généralement justifiée vu la nécessité de retenir les travailleurs. La pénurie de main-d’œuvre étant un problème qui s’étend généralement à toute l’économie, les demandes de ce genre pourraient se multiplier. Vu la flexibilité et la rigidité associée respectivement à l’augmentation et à la diminution des salaires, il y a fort à parier que les gains obtenus soient durables. 

Naturellement, ce contexte impacte les entreprises. La hausse du coût des intrants exerce des tensions sur les marges qui, souvent, sont liées, à des contrats de vente – signés sur la base d’une inflation tournant autour de 2 %. Pour faire face à la concurrence, les experts comptables des entreprises recommandent de majorer les prix de vente, ce que réclament d’ailleurs les actionnaires; les gestionnaires de comptes bancaires suggéreront à tout le moins d’augmenter la trésorerie en relevant les prix pour les ventes prévues pour l’automne.

Personne ne le souhaite, mais il ne sera pas facile de résister aux forces naturelles à l’œuvre dans notre économie de marché – même si cela risque d’entraîner la prise de mesures éprouvantes par les banques centrales. Le meilleur remède demeure la capacité : il faudrait utiliser toutes les capacités de production existantes, dont une bonne partie était inactive lors de la pandémie; par ailleurs, il faudrait aussi créer de nouvelles capacités : à savoir, inciter les entreprises à investir, ce qu’elles ont à juste titre hésité à faire pendant la crise de la COVID-19. La première option sera plus facile à mettre en œuvre, même si les deux seront nécessaires pour faire redescendre la « température inflationniste » à une zone plus confortable. Ici, il sera essentiel d’agir rapidement.

Conclusion?

Les belles paroles ne suffiront pas. Pour maîtriser les hausses de prix actuels, il faudra réinjecter des ressources dans l’économie d’une manière qui soit en phase avec la relance de l’activité. Si cette entreprise est menée à bien dans la première économie du monde, ses effets seront assurément ressentis partout ailleurs. Chose certaine, nous comptons tous sur la Fed pour qu’elle réalise cette opération de main de maître.

 

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