Les exportateurs canadiens ont bien des raisons d’être craintifs. La rhétorique anticommerciale a atteint un sommet de mémoire récente. Les accords de libre-échange sont torpillés ou renégociés. La plus grande union économique de la planète est exposée à une menace réelle et immédiate. Dans un contexte où les mythes sur les effets négatifs de la mondialisation sont entretenus par certains de ces principaux bénéficiaires – des mythes trop facilement acceptés par une population désenchantée –, on pardonnerait aux acteurs du commerce international d’afficher une confiance en berne.

En fait, les bouleversements politiques de 2016 – notamment l’issue surprenante du vote sur le Brexit, le résultat inattendu de l’élection américaine et le ton des débats politiques en Europe – auraient dû entraîner une chute de la confiance sur de multiples fronts. Or, les sondages nous dressent le portrait d’une situation complètement différente. La confiance du consommateur américain est revenue aux pics d’avant la récession pour la première fois depuis la débâcle mondiale. De même, on constate un regain d’optimisme chez les consommateurs américains, et les niveaux actuels de la confiance s’apparentent à ceux observés quand l’économie est florissante. En Europe, l’indice de confiance commercial a atteint son niveau le plus élevé depuis la mise en œuvre d’importantes mesures de relance après la récession – et il continue de grimper. Comme je l’ai indiqué auparavant, partout dans le monde, les responsables des achats au sein des entreprises misent sur une montée de la croissance à court terme.

Nos exportateurs semblent du même avis. Le plus récent sondage de l’Indice de confiance commerciale réalisé par EDC aurait pu dépeindre une détérioration de la situation, mais c’est le contraire qui s’est produit. L’Indice s’est orienté à la hausse pour s’établir à 73,9. Ce résultat est semblable à ceux enregistrés récemment, mais dans d’autres circonstances, il aurait été considéré comme plutôt banal.

Dans un contexte de détérioration des politiques commerciales, il est à noter que trois des cinq éléments de l’Indice sont en hausse, alors que les deux autres – la conjoncture économique mondiale et les débouchés commerciaux – sont restés stables. L’amélioration des attentes liées aux ventes à l’export était plus prononcée chez les répondants recrutant de nouveaux clients et profitant d’une demande grandissante, d’une intensification de l’activité, ainsi que de la production et de la commercialisation de nouveaux produits. Le résultat plutôt statique de l’élément « conjoncture économique mondiale » illustre une dichotomie intéressante : 47 % des répondants redoutant une dégradation de la conjoncture ont cité comme motif l’instabilité mondiale, et 39 % l’instabilité découlant de l’élection américaine. Cependant, parmi les répondants tablant sur une conjoncture plus favorable au cours des six prochains mois, pas moins de 21 % – le groupe le plus important – s’attendent à des améliorations du côté de l’économie américaine.

Ainsi donc, l’Indice de confiance commerciale a progressé de façon convaincante. Sa progression a été généralisée et a touché de nombreux fronts. Les six sous-groupes ont réalisé des gains au chapitre de la confiance, et notamment celui des industries extractives (exploitation pétrolière, gazière et minière) qui a gagné plus de 10 points. Parallèlement, on a assisté à une amélioration générale de la confiance dans l’ensemble des régions, à l’exception du Québec. La confiance s’est légèrement érodée dans la belle province, mais le résultat global de l’Indice au Québec est demeuré supérieur à celui de toutes les autres régions.

Les turbulences actuelles nous ont amenés à nous demander si des inquiétudes gardent les exportateurs éveillés à la nuit. Les exportateurs canadiens sondés ont été invités à choisir les trois sources de volatilité susceptibles d’influer le plus sur leur entreprise au cours des six prochains mois. L’incertitude entourant les politiques américaines – dont la renégociation de l’ALENA et l’imposition de taxes à la frontière – a été citée par 82 % des répondants. Près de la moitié des répondants redoutent une montée du protectionnisme à l’échelle mondiale. Ces craintes dominent, mais un peu plus du tiers des répondants ont déclaré que la violence politique et le terrorisme, ainsi que le ralentissement de l’activité en Asie orientale (en Chine ou au Japon) représentaient de potentiels éléments pouvant perturber la conduite de leurs affaires.

S’il existe un antidote à cette insomnie, ce doit être la performance réelle des entreprises. Pour étayer les résultats de l’Indice, nous avons interrogé les participants au sujet de leurs commandes, en particulier en provenance du marché américain. La vaste majorité des répondants (soit 84 %) ont indiqué que leurs ventes auprès de clients américains étaient, dans une part sensiblement égale, en hausse ou stables. Ce résultat est supérieur à celui du sondage de l’automne dernier, ce qui tend à démontrer que malgré le mouvement populiste, les entreprises des deux côtés de la frontière poursuivent leurs activités comme à l’habitude, et sans doute se croisent les doigts et espèrent que tout se passe pour le mieux.

Ces résultats du sondage montrent, de façon manifeste, que l’optimisme domine. Voilà une attitude qui n’est pas mauvaise en soi. Après tout, la commotion entourant les politiques a pour but de redonner aux économies toute leur grandeur. Et pour atteindre ce but, il faut stimuler la croissance et en distribuer les fruits. Si ce processus est déjà en marche, les entreprises – et l’économie en général – ont tout ce dont elles ont besoin.

Conclusion?

Malgré des obstacles imposants, les exportateurs canadiens affichent un optimisme plus marqué que l’automne dernier, ce qui est à mettre au compte de la solidité des flux commerciaux. Espérons, dans l’intérêt de tous, que les politiques ne viennent pas assombrir ce tableau.

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