L’année 2008 nous a fait vivre les meilleurs moments, mais aussi les pires – avec à l’avant-scène l’économie et l’écologie. L’économie avait affiché une croissance persistante et robuste, un cycle de croissance incroyable deux fois plus long, que les analystes qualifiaient de « nouvelle normalité ». D’autre part, cette conjoncture a mis à rude épreuve l’environnement à l’échelle mondiale, comme l’illustrent la diminution de la couche d’ozone, les changements climatiques, et les impacts de plus en plus graves des désastres naturels. Les accords internationaux inadéquats n’ayant pas réglé le problème, de nouvelles approches s’imposaient. Au lendemain de la crise économique de 2008 et des désastres subséquents (comme celui au Japon), le secteur mondial des technologies a prospéré à la faveur des impératifs d’une croissance mondiale soucieuse de l’environnement, viable et inclusive. Est-ce que cette tendance se maintiendra?
Avant de répondre à cette question, il est essentiel d’expliquer les raisons de l’essor de ce secteur. Pourtant, comme nous le savons que trop bien, à la fin de 2008, la conjoncture économique est passée de favorable à catastrophique. Il s’est alors opéré un changement colossal de rôle : les pires moments de l’économie sont sans doute devenus les meilleurs pour le secteur des technologies propres. Vu les énormes tensions subies par l’écosystème, des centaines de milliards de dollars – probablement le plan de relance mondial le plus ambitieux, rapide et synchronisé qui ait vu le jour – ont été affectés à l’assainissement de l’environnement, et ce, sur les marchés industrialisés comme émergents. À ce titre, la grande récession nous a offert un formidable cadeau.
Alors, qu’est-ce qu’on entend exactement par le terme « technologies propres »? Il désigne tout processus, produit ou service réduisant les effets [négatifs] sur l’environnement. Les technologies propres touchent tous les secteurs de l’économie puisque pratiquement toutes nos activités produisent une empreinte environnementale. Les applications les courantes se trouvent dans les activités de fabrication; les complexes minier, pétrolier et gazier; les transports, la production d’électricité; le traitement des eaux; l’agriculture, le recyclage et d’autres activités visant l’efficience énergétique.
Depuis 2008, l’impulsion du secteur des technologies propres a pris un sens tout à fait nouveau. L’Accord de Paris a imprimé un formidable élan pour promouvoir cette industrie. À l’issue de la COP-21, des pays, des États et des villes se sont engagés à atteindre des cibles concrètes de réduction des émissions. Connus sous le nom de « contribution déterminée au niveau national », ces efforts sont à l’avant-plan de la transition vers une économie à faible émission de carbone. Une attention est aussi portée aux pays tout particulièrement exposés au risque d’une détérioration de l’environnement, notamment les îles et d’autres zones comportant de basses terres.
D’autres facteurs clés dynamisent la demande envers des solutions en matière de technologies propres. De plus en plus, les consommateurs se tournent vers des produits et services ayant une faible empreinte environnementale, même si leur prix est plus élevé. Les entreprises sont très conscientes des effets sur leur réputation d’une piètre gouvernance environnementale, en particulier à l’ère des médias sociaux. Il est beaucoup plus facile d’accéder à des capitaux pour se procurer des applications du secteur des écotechnologies. La concurrence est un autre facteur : créer des technologies propres nouvelles et efficaces pourrait devenir un filon miraculeux. À cet égard, l’innovation en R-D permet d’abaisser les coûts et les demandes de subventions pour soutenir des technologies prenant leur envol. Ce contexte favorise des changements sur plusieurs fronts au code de protection de l’environnement – autrement dit, la réglementation restera un facteur d’innovation et accentuera la demande. On le constate déjà de manière évidente en Allemagne, en Scandinavie et en Californie, entre autres.
Le secteur mondial des technologies propres est en rapide croissance, car des investissements substantiels sont prévus dans tous les modes de transport, les applications industrielles, l’énergie éolienne et l’énergie solaire, le stockage des batteries, et les réseaux électriques intelligents pour le secteur électrique. À elle seule, la Chine a fait en 2016 des investissements verts avoisinant les 270 milliards de dollars, et elle envisage d’investir près de 300 millions annuellement au cours des quatre prochaines années. Quant à l’Inde, pour atteindre ses cibles, elle devra faire des investissements verts se situant entre 120 et 130 milliards de dollars d’ici 2022.
Le Canada répond aussi présent. La part canadienne du marché mondial des technologies propres est estimée à 1,5 %. Notre secteur compte actuellement 800 entreprises qui, ensemble, génèrent des revenus de 10 milliards de dollars. Près de 80 % de ces entreprises exportent. EDC a fait du soutien à ces exportateurs et aux exportateurs émergents du secteur des technologies propres l’une des composantes centrales de sa stratégie – un sujet que Benoit Daignault, président et chef de la direction d’EDC, abordera pendant l’événement organisé par l’Economic Club le lundi 27 novembre, à Ottawa.
Conclusion?
Les initiatives après la récession ont réuni les sphères économique et environnementale d’une manière qui pourrait bien leur être mutuellement avantageuse – sans doute pour la première fois.